Le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez Parrilla, a demandé mercredi devant l'ONU la fermeture de la prison et de la base navale américaines de Guantánamo, dénonçant les «tortures» et les «morts» dans cette zone.

«Cette prison et cette base doivent être fermées et ce territoire doit être rendu à Cuba», a déclaré M. Parrilla devant le Conseil des droits de l'homme à Genève.

«Nous sommes profondément préoccupés par le flou juridique qui permet des violations permanentes et atroces des droits de l'homme sur la base navale de Guantánamo, territoire cubain que les États-Unis ont usurpé», a-t-il ajouté.

Ces propos interviennent après que le président américain Barack Obama eut affirmé, mardi, qu'il allait redoubler d'efforts pour obtenir la fermeture de la prison de Guantánamo, où 166 personnes sont toujours enfermées et où un mouvement de grève de la faim, entré dans sa 12e semaine, est désormais suivi par 100 prisonniers selon le bilan officiel de la prison (130 selon les avocats). Parmi eux, 21 sont alimentés par des sondes.

Le chef de la diplomatie cubaine s'exprimait à l'occasion de la présentation du rapport national dans le cadre de l'Examen périodique universel (EPU) des droits de l'homme à Cuba, une procédure qui a lieu tous les quatre ans. Il a affirmé que Guantánamo est un centre «de tortures et de mort de prisonniers».

La représentante américaine au Conseil des droits de l'homme, l'ambassadrice Eileen Chamberlain Donahoe, n'a pas réagi à ces propos. Elle a toutefois accusé le régime cubain d'avoir mis en place un «vaste et complexe réseau» de pratiques entravant les activités de ceux qui souhaitent mettre en oeuvre, de façon pacifique, des réformes pour favoriser la liberté d'expression ou le multipartisme.

Les États-Unis, comme de nombreux autres pays occidentaux, ont aussi dénoncé la détention et l'emprisonnement de journalistes et d'opposants politiques. Plusieurs pays ont en outre demandé à Cuba d'améliorer les conditions de vie dans ses prisons et de permettre notamment les visites du personnel du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ainsi que du rapporteur de l'ONU contre la torture.

M. Parrilla a pour sa part défendu le bilan cubain en matière de droits de l'homme, expliquant que de nouvelles normes ont été adoptées depuis 2009 - date du dernier EPU de Cuba devant le Conseil - «élargissant la base légale des droits de l'homme», en particulier au droit à la sécurité sociale, au logement et à l'emploi.

Il a également mis en avant la nouvelle loi migratoire qui dispense les Cubains depuis le 14 janvier d'un permis de sortie du territoire.

Le procureur général adjoint de Cuba, Rafael Pino Becquer, a de son côté affirmé aux médias qu'il n'y avait pas de prisonniers politiques dans son pays.

De quelque 300 en 2003, leur nombre est passé à une cinquantaine aujourd'hui, dit, quant à elle, l'opposition.

L'ONU et la Croix-Rouge ont eu accès pour la dernière fois aux prisons cubaines en 1988, selon les archives de l'AFP.

«Le gouvernement de Cuba a manqué une occasion unique de faire une évaluation honnête de son bilan en matière de droits de l'homme en éludant toutes les restrictions imposées à la presse, à l'internet et à la liberté de circulation», a déclaré aux médias à Genève un opposant cubain, Elizardo Sanchez.

À ses yeux, le régime cubain va permettre à des «dizaines» d'opposants politiques de sortir du pays dans les prochaines semaines, mais il estime que la population ne sera pas mise au courant à Cuba, car le régime contrôle tous les médias.