Le viol en réunion d'une étudiante américaine dans un minibus à Rio et l'exécution sommaire de deux adolescents par des policiers à Sao Paulo écornent l'image du Brésil à l'approche du Mondial 2014 et des jeux Olympiques 2016, malgré une violence globalement en baisse.

L'étudiante américaine (21 ans) et son compagnon français (23 ans) qui avaient embarqué à bord de ce minibus à Copacabana ont été séquestrés et agressés toute la nuit de samedi à dimanche par trois jeunes hommes qui se relayaient au volant du véhicule.

«Personne ne s'attend à être attaqué dans un parc de Disney. Copacabana est notre parc Disney. Cela nous fait tirer la sonnette d'alarme», a déploré le président de l'Association des hôtels de Rio, Alfredo Lopes cité par la presse mardi.

Ce fait divers sordide rappelle le viol à New Delhi d'une jeune Indienne par six hommes dans un bus, qui avait eu un retentissement mondial et entraîné une baisse du tourisme.

Il tombe mal pour Rio de Janeiro, en pleine opération séduction, et qui a fait de nombreux efforts pour redorer son image ultra-violente, en pacifiant peu à peu les favelas aux mains des trafiquants de drogue.

La «Ville merveilleuse» s'apprête à accueillir des millions de visiteurs pour la Coupe des confédérations de football (en juin) et les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) catholique en présence du pape François (en juillet), deux événements tests pour le Mondial 2014 et les JO-2016 à Rio.

Le viol de l'étudiante américaine, s'il a fortement choqué au Brésil, où les télévisions passent en boucle les images des trois suspects, décrits par la police comme froids et sans remords, est vu comme un «fait isolé».

«C'est abominable mais ce n'est pas un fait routinier à Rio de Janeiro. Il est injuste de le présenter comme quelque chose qui se passe en série», a déclaré mardi à l'AFP le secrétaire à la Sécurité de l'État de Rio, José Mariano Beltrame.

«Un viol si brutal est très spectaculaire, mais en général vite oublié. Ce n'est pas une chose courante au Brésil et à répétition comme en Inde», a déclaré à l'AFP le spécialiste en violence Augusto Rodrigues (Université Uerj).

«C'est un fait isolé, qui ne doit pas servir de paramètre pour mesurer la violence», a renchéri un autre expert, Michel Misse (Université UFRJ).

Interrogés sur la hausse de 24% des viols à Rio de  2011 à 2012 (de 4.871 cas à 6.029), tous deux s'accordent à dire que «c'est parce que que les femmes les dénoncent plus, grâce aux commissariats» dédiés aux femmes victimes de violences, qui ont été renforcés ces dernières années.

«Avant, elles avaient honte de porter plainte dans un commissariat tenu par des hommes», souligne Michel Misse.

Pour ces experts la sécurité n'a jamais été aussi bonne depuis trente ans à Rio et au Brésil en général même si la criminalité reste très élevée en comparaison des normes européennes ou américaines.

En 2010, le taux d'homicides au Brésil était de 21 pour 100 000 habitants(onzième rang mondial)--contre 26,7% en 2000--, selon l'Onu.

A Sao Paulo, où une guerre larvée sans merci oppose la police et le crime organisé, le taux d'homicides qui était de près de 60 pour 100 000 habitants dans les années 2000 «est tombé à 13, un taux raisonnable», a souligné M. Misse.

A Rio, il a chuté de 40,1 pour 100 000 habitants en 2007 à 24,6 pour 100 000 en 2012, selon M. Beltrame.

A Sao Paulo, l'exécution mi-mars de sang froid de deux adolescents par deux hommes masqués à moto en présence de huit policiers (arrêtés depuis) montre qu'il existe d'autres problèmes de sécurité au Brésil, «notamment pour contrôler la police», selon les experts.

«La police au Brésil a un profil répressif, autoritaire et arbitraire surtout avec les populations pauvres», a affirmé à l'AFP Camila Dias, de l'Université de Sao Paulo (USP).

«C'est ce qui s'est passé pour ces jeunes qui ont été assassinés, ce n'est pas nouveau», a-t-elle ajouté.

Il faudra encore du temps selon les experts pour changer les mentalités d'une police marquée par 21 ans de dictature (1964-85).

Selon eux, «des problèmes surviennent mais il n'y pas de crise de sécurité publique qui mette en danger les grands événements à venir», où la sécurité sera particulièrement renforcée.