Ils sont sortis vivants de la discothèque infernale de Santa Maria dans la nuit de samedi à dimanche. Mais l'issue du combat entre la vie et la mort de 75 blessés gravement intoxiqués par les fumées dégagées par l'incendie du Kiss est encore incertaine.

Devant la clinique privée de la Charité, c'est un incessant ballet de parents et d'amis angoissés, venant aux nouvelles.

La nuit du drame, parmi une foule de jeunes à traiter d'urgence, le médecin Mario Birnfeld do Canto s'est soudain retrouvé face à sa propre fille Mariana. Comme tous les autres jeunes, il a tenté de la sauver, en vain.

«Je n'ai jamais rien vu de pareil. 300 jeunes intoxiqués. Ils sont morts asphyxiés, ils les ont tués en les asphyxiant», répète en pleurant le médecin désespéré, qui vient d'aller chercher l'acte de décès de sa fille.

«Tous ces étudiants avaient une vie. Et ils sont morts à cause de ce manque de contrôles, de structures de ceux qui gouvernent ce pays. La société brésilienne ne peut pas permettre cela... Il doit y avoir une justice, peu importe comment», enrage-t-il.

«Anges gardiens»

Heuri Guedes, 23 ans souffre d'un grave problème respiratoire. Chaque fois que sa mère Lara entre sa chambre, elle le caresse, lui dit qu'elle l'aime, espérant que cela l'aidera à lutter.

«Il va s'en sortir, il va s'en sortir», se répète-t-elle en larmes dans un murmure. «Je veux seulement mon fils vivant. Nous ne pouvons pas perdre la foi».

Heuri ne doit son salut provisoire qu'à un «ange gardien», raconte sa mère. «Un garçon qui l'a extirpé de la discothèque, qui l'a sauvé. Je veux le connaître».

Un autre «ange gardien» a sauvé Luana Wevver Andreata, 19 ans, se rappelle également sa mère, Helenita. Sa fille était sur le point de sortir quand elle est tombée dans la cohue sous une des barrières métalliques qui ont freiné l'évacuation des jeunes en proie à la panique à la sortie de la discothèque.

«Un jeune habillé en blanc est venu. Elle s'agrippait à sa main. Il lui a demandé de la lâcher, lui a promis qu'il n'allait pas l'abandonner. Peu après, il est effectivement revenu et l'a sortie de là», explique Helenita, à qui sa fille a raconté la scène.

En plus de Luana, Helenita veille sur son fils Magno, également hospitalisé. Après avoir quitté la discothèque, il s'est joint aux volontaires qui ont brisé de l'extérieur les fenêtres du local pour aider les amis pris au piège à respirer.

Luana et Magno sont soignés aux urgences de l'Hôpital universitaire de Santa Maria. Dans cet hôpital public, une centaine de jeunes ont été soignés dans la nuit de samedi à dimanche.

Il en reste 16, dont trois dans un état critique, indique à l'AFP son sous-directeur, Larry Cassol Argenta.

Parmi eux, André, 19 ans, ne souffre que de blessures légères. Mais dans sa tête, le film d'horreur repasse en boucle. Depuis l'instant où il a vu de la fumée, pensant que cela faisait partie du spectacle, jusqu'au chaos d'une foule aveuglée cherchant son salut dans le nuage noir.

«Quand je suis arrivé à l'hôpital, confie-t-il, je n'avais aucune notion de l'importance de la catastrophe. Et puis, j'ai entendu les chiffres. Jusqu'à maintenant, je continue de croire que c'est un cauchemar».

André a perdu dix copains cette nuit là. A présent il veut un suivi psychologique. En attendant, on lui donne des calmants.