Un présentateur vedette de Televisa, la principale chaîne mexicaine, a reconnu lundi que l'arrestation de la Française Florence Cassez filmée prétendument en direct en 2005 avait été une mise en scène des autorités, et a pour la première fois exprimé des «regrets» à ce sujet.

À deux jours d'un nouvel examen de l'affaire Cassez par la Cour suprême du Mexique, Carlos Loret de Mola, animateur à l'époque de la célèbre émission d'information Noticieros Televisa, a confié ne pas s'être «rendu compte de ce montage, de ce piège» au moment de sa diffusion.

Cette mise en scène montrait l'arrestation de la Française et la libération de trois otages dans un ranch. Or, il a ensuite été établi que Florence Cassez avait été arrêtée sur une route auparavant.

«Le 9 décembre 2005, nous avons eu à transmettre l'information de sa capture, dont nous avons su par la suite qu'il s'agissait d'un montage. Ils avaient arrêté la Française un jour auparavant et les autorités ont simulé une opération comme si elle se déroulait en direct», a expliqué M. Loret de Mola lundi dans son émission du matin sur Televisa.

«Rétrospectivement, avec une analyse plus minutieuse de toutes les images, je crois que j'aurais pu découvrir la tromperie. Dans l'information à chaud, comme l'arbitre de football qui n'a pas accès au ralenti et doit décider sur le coup, je ne l'ai pas fait et je le regrette», a-t-il concédé.

Le journaliste souligne que «le montage orchestré par l'Agence fédérale d'investigation (AFI) pour la capture de Florence Cassez ne fut évidemment pas la seule irrégularité de ce cas».

Le directeur de l'AFI, Genaro Garcia Luna, a été contraint de reconnaître cette mise en scène deux mois après sa diffusion, mais il a assuré que les autorités avaient agi à la demande des médias. M. Garcia Luna a ensuite assumé les fonctions de ministre de la Sécurité publique pendant six ans, de 2006 à 2012, sous la présidence de Felipe Calderon.

La Cour suprême du Mexique examine pour la deuxième fois mercredi 23 janvier le dossier de Florence Cassez, condamnée à 60 ans de prison pour enlèvements, délinquance organisée et port d'armes prohibées. La juge Olga Sanchez, rapporteur du cas, va proposer l'annulation de la condamnation de la Française, assortie d'un renvoi en cour d'appel, en raison des graves irrégularités ayant émaillé la procédure.