La convalescence d'Hugo Chavez le tient loin de Caracas depuis près d'un mois. L'absence du président pourrait créer une crise constitutionnelle au Venezuela, si une nouvelle élection présidentielle n'a pas lieu. Nos explications.

L'investiture d'Hugo Chavez, prévue jeudi, sera vraisemblablement retardée à cause de la longue convalescence du président vénézuélien. Certains politiciens de l'opposition affirment que cela devrait automatiquement déclencher une nouvelle élection présidentielle. Dans ce cas, le candidat chaviste serait Nicolas Maduro, peu connu des électeurs.

M. Chavez a désigné en octobre M. Maduro comme son dauphin. En décembre, avant de partir à Cuba se faire opérer une quatrième fois pour lutter contre son cancer, il a demandé aux chavistes de faire preuve d'unité en son absence. S'il ne peut reprendre ses fonctions, une nouvelle élection présidentielle devra avoir lieu. Mais s'il a bon espoir de récupérer ses capacités, c'est le président de l'Assemblée, Diosdado Cabello, aussi chaviste mais moins rassembleur que M. Maduro, qui gouvernerait par intérim, pour une période qui pourrait durer jusqu'à trois mois.

Dimanche, après une réunion, des porte-parole de l'opposition ont accusé M. Maduro de retarder la décision sur l'état de santé d'Hugo Chavez pour éviter que M. Cabello prenne les rênes du pouvoir et devienne un rival. M. Maduro a réfuté tout complot en affirmant que «la seule transition en ce moment est celle vers le socialisme».

«Pour le moment, on ne parle pas vraiment d'élection, mais l'opposition a vraiment peur que les choses traînent indéfiniment», explique Pedro Rodriguez, qui habite Québec et vient de passer les Fêtes dans sa famille au Venezuela. «Il n'y a rien dans la Constitution qui empêche Cabello d'être renommé plusieurs fois président par intérim. En théorie, une commission médicale doit déterminer si le président est trop malade pour gouverner de façon temporaire ou permanente. Mais comme les chavistes la contrôleront, l'opposition ne s'y fie pas.»

La ministre de la Justice, Cilia Flores, qui est la conjointe de M. Maduro, a avancé que la prestation de serment du 10 janvier, prévue dans la Constitution de 1999, n'est qu'une «formalité» et qu'Hugo Chavez pourrait prêter serment devant la Cour suprême ultérieurement, à La Havane s'il le faut.

Steve Ellner, un politologue de l'Université de l'Est au Venezuela qui est critique de l'opposition, ajoute que ces règles ne sont importantes qu'en cas de changement de président. «Je pense que Chavez retournera bientôt à Caracas, dit M. Ellner. S'il était réellement à l'article de la mort, l'idéal pour les chavistes serait de profiter de la sympathie du public à son égard et de tenir des élections rapides que Maduro remporterait.»

Malgré un recul important de l'opposition aux élections régionales du 20 décembre, le politicien de l'opposition Henrique Capriles Radonski, battu en octobre par Hugo Chavez à la présidentielle, a réussi à garder son poste de gouverneur de l'État de Miranda. Si une nouvelle élection présidentielle devait être organisée, il aurait l'avantage de l'expérience contre le dauphin d'Hugo Chavez, Nicolas Maduro.