Le vice-président du Venezuela et ministre des Affaires étrangères Nicolas Maduro, ancien chauffeur d'autobus et syndicaliste, désigné comme son dauphin par le président Hugo Chavez malade, est à 50 ans un vétéran du chavisme, considéré comme conciliant et modéré.

Hugo Chavez, 58 ans, qui a demandé samedi soir aux Vénézuéliens de faire de M. Maduro leur président si lui-même devait quitter le pouvoir, a assuré qu'il était «un révolutionnaire à part entière» ainsi qu'«un homme plein d'expérience malgré sa jeunesse».

«C'est l'un des jeunes dirigeants ayant les meilleures capacités» pour diriger le pays «avec sa main ferme, avec sa vision, avec son coeur d'homme du peuple, avec son talent avec les gens (...), avec la reconnaissance internationale qu'il s'est acquise», a ajouté le président.

Déjà ministre des Affaires étrangères depuis 2006, Nicolas Maduro a en outre été nommé vice-président par M. Chavez dans la foulée de sa victoire à la présidentielle du 7 octobre.

Auparavant, cet ancien chauffeur de bus à la haute stature arborant une épaisse moustache sombre, à l'abord aimable et dont on sait peu sur la vie privée hormis qu'il la partage avec Cilia Flores, procureur général de la République, avait brièvement été président de l'Assemblée nationale (2005-2006), après avoir obtenu son premier mandat de député en 1999, sous la bannière du Mouvement 5e République, fondé par Hugo Chavez arrivé au pouvoir la même année.

Les destins des deux hommes s'étaient déjà croisés au sein du Mouvement révolutionnaire bolivarien 200 (MBR-200), également créé par M. Chavez, à la tête duquel il avait mené son coup d'État manqué contre le président Carlos Andrés Pérez en 2002.

«Regardez où va Nicolas, le chauffeur de bus Nicolas. Il était chauffeur de bus, et comme ils se sont moqués de lui!», s'était exclamé M. Chavez en le nommant vice-président.

Son nom avait été cité avec de plus en plus d'insistance à l'heure des pronostics sur le nom du successeur du président malade. Et dès le début des allers-retours médicaux de Hugo Chavez à Cuba, il avait été l'un de ses visiteurs les plus assidus.

Et lorsque le président est revenu vendredi d'un nouveau séjour médical à La Havane, c'est encore Nicolas Maduro qui est apparu sur la passerelle de l'avion à la télévision au côté de M. Chavez, ratant du même coup l'un et l'autre leur premier sommet des chefs d'État du Mercosur à Brasilia depuis l'adhésion cet été du Venezuela au marché commun économique sud-américain.

La haute silhouette de ce membre de l'aile modérée du chavisme est également devenue plus familière dans les rendez-vous internationaux depuis qu'il a remplacé à plusieurs reprises un Hugo Chavez affaibli lors de grands sommets.

Des analystes soulignent également son ton conciliant et sa grande capacité à négocier et à exercer une influence sur les différentes tendances du chavisme.

«Il n'est pas bruyant verbalement» et «il semble être quelqu'un (...) disposé au dialogue», estime le politologue Ricardo Sucre. «De plus, c'est le choix des (dirigeants cubains Fidel et Raul) Castro», grands alliés du président Chavez, ajoute ce professeur à l'université centrale du Venezuela.

L'historienne Margarita Lopez Maya souligne pour sa part «la fidélité» du «meilleur porte-parole» international du gouvernement Chavez, dont il a parfaitement adopté la réthorique «anti-impérialiste» et le soutien à des régimes controversés, comme en Iran, en Libye ou en Syrie.