L'ex-bras droit de l'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), José Dirceu, a été condamné lundi par la Cour suprême à dix ans et dix mois de prison pour corruption et association de malfaiteurs.

Chef de cabinet de Lula de 2003 à 2005, M. Dirceu, 66 ans, est accusé d'avoir dirigé un vaste système d'achats de votes de députés au Parlement par le Parti des travailleurs (PT-gauche), lors du premier mandat de Lula.

«La responsabilité de l'accusé est très haute. Il a profité de sa position de dirigeant aussi bien au sein du Parti des travailleurs (au pouvoir) qu'au sein du gouvernement fédéral» pour commettre des délits de corruption, a souligné le rapporteur de ce procès entamé début août.

Principal accusé politique du plus vaste procès anticorruption jamais organisé par la Cour suprême du Brésil, M. Dirceu, a également été condamné à une payer une amende de 350 000 dollars.

Tout-Puissant à l'époque des faits qui lui sont reprochés, M. Dirceu, avocat, économiste, ex-leader étudiant et ex-guérillero, faisait alors figure de premier ministre et d'«éminence grise» de Lula.

L'affaire dite du «mensalao» avait failli coûter sa réélection à Lula en 2006, même s'il a été mis hors de cause par la justice.

Les juges ont condamné lundi dans la foulée, l'ex-président du PT à l'époque des faits, José Genoino, à six ans et onze mois détention ainsi qu'à une amende de 234 000 dollars.

Des 37 accusés - hommes politiques, d'affaires et banquiers - dans le cadre de ce procès fleuve, 25 ont été reconnus coupables d'avoir pris part ce réseau de corruption.

MM. Dirceu et Genoino, ainsi que l'ex-trésorier du PT, Delubio Soares, avaient été déclarés coupables de «corruption active» et «d'association de malfaiteurs» le 9 octobre. Le trésorier du PT sera le prochain à connaître sa condamnation.

Les juges avaient statué que tous trois distribuaient de l'argent à des parlementaires par le biais du publicitaire Marcos Valerio et que M. Dirceu était «le chef» de ce système.

M. Valerio, considéré comme le pivot du réseau de corruption mis en place par le PT, a été le premier à être condamné par la Cour fin octobre, à 40 ans de prison ferme pour corruption active, détournements de fonds, association de malfaiteurs, blanchiment d'argent et fraude au fisc. Il devra payer également une amende 1,4 million de dollars.

Les peines infligées par la Cour sont toutefois provisoires, selon les experts pour qui ce procès ne va pas s'achever avant fin 2013.

«Les avocats de la défense pourront présenter des recours pour essayer de réduire les peines de prison et les amendes pourront être révisées également; la défense a intérêt à faire traîner le procès pour que certains délits soient prescrits», a récemment expliqué à l'AFP Claudio Abramo, directeur de Transparencia Brasil, une ONG de lutte contre la corruption.

«Pour que les condamnations soient officielles, elles doivent être rédigées et publiées et cela va prendre des mois, vu le nombre d'accusés. Ce procès ne va pas s'achever avant fin 2013», avait-il souligné.