Quelque 5000 membres de la police et de l'armée mexicaines poursuivaient mardi la recherche de 131 prisonniers échappés la veille en plein jour par un tunnel de la prison de Piedras Negras, évasion attribuée par les autorités au cartel des Zetas.

Soutenus dans leur recherche par un hélicoptère, soldats et policiers fouillaient un par un les véhicules dans les environs de Piedras Negras, une ville de 150 000 habitants située au bord du Rio Grande, face à la ville américaine de Eagle Pass, au Texas.

Du côté américain, des hélicoptères du Département de sécurité intérieure pouvaient être observés de Piedras Negras, apparemment pour prévenir le passage des fugitifs de l'autre côté de la frontière.

Le responsable de la sécurité du Coahuila, Jorge Luis Moran, a précisé que le bilan des fugitifs avait été ramené à 131, contre 132 d'après les premières informations diffusées lundi.

«L'enquête s'oriente vers la piste du Cartel des Zetas qui a pu organiser cette évasion parce que les prisonniers qui se sont échappés et étaient détenus pour des crimes fédéraux et avaient des liens avec ce groupe», a dit Moran à des journalistes.

Moran a souligné que l'hypothèse de la responsabilité des Zetas «se renforce parce que nos agents venus en renfort ont été attaqués avec des armes de gros calibre et des grenades par des hommes armés qui tentaient d'éviter que ce renfort arrive à destination».

Les prisonniers évadés, dont 86 détenus pour des crimes fédéraux comme trafic de drogue ou enlèvement, se sont échappés par un étroit tunnel de sept mètres de long, creusé à près de trois mètres de profondeur depuis un ancien atelier de menuiserie de la prison.

La sortie du tunnel se trouvant à l'intérieur du périmètre de la prison, près d'un mirador, les fugitifs ont encore dû découper une clôture de barbelés avant de pouvoir prendre le large.

Le parquet de l'État de Coahuila a indiqué que tout le personnel de la prison de Piedras Negras, du directeur aux gardiens, était en détention provisoire et interrogé sur les circonstances de cette évasion massive.

Une prime de 200 000 pesos (18 000 $) est offerte pour des renseignements permettant l'arrestation de chacun des prisonniers évadés.

L'évasion de Piedras Negras est le second forfait du genre le plus important enregistré ces dernières années, après celle de 141 prisonniers échappés en décembre 2010 de la prison de Nuevo Laredo, dans le Tamaulipas, Etat du nord-est du Mexique.

Les évasions se sont multipliées ces dernières années dans les États du nord et de l'est du Mexique, principalement dans les zones où opère le cartel des Zetas, le groupe criminel le plus violent du Mexique, créé à la fin des années 1990 par d'anciens militaires d'élite de l'armée mexicaine.

Le 19 février, un groupe de 30 membres du cartel des Zetas s'était évadé de la prison d'Apodaca, dans l'État mexicain du Nuevo Leon, après avoir tué 44 co-détenus du cartel rival du Golfe. Des gardiens de la prison avaient avoué avoir facilité l'évasion.

Le président Felipe Calderon a jugé cette évasion «déplorable», sur son compte Twitter. «La vulnérabilité des institutions judicaires des Etats doit être corrigée», a-t-il prévenu.