Un incendie a ravagé samedi un centre de désintoxication situé dans une ville en banlieue de Lima, la capitale péruvienne, tuant 14 personnes. Il s'agit, cette année au Pérou, du deuxième sinistre fauchant la vie de dépendants à la drogue coincés derrière les portes barrées de centres de traitement privés.

Le seul survivant connu de l'incendie qui a détruit la clinique du Sacré-Coeur de Jésus s'en est sorti en sautant du deuxième étage du bâtiment après le déclenchement du sinistre vers 4h, a indiqué son frère.

Le responsable des services de santé locaux Pablo Cespedes a indiqué que la cause de l'incendie n'était pas encore connue. Treize corps ont été découverts dans des chambres du deuxième étage et un autre au premier étage du bâtiment de Chosica, à environ 32 kilomètres à l'est de Lima, a-t-il dit. Les efforts de sauvetage ont été retardés par des portes verrouillées et des fenêtres équipées de barreaux, a pour sa part indiqué le chef des pompiers Fernando Campos.

Les portes étaient fermement verrouillées, et des outils ont été nécessaires pour entrer par la porte principale, a-t-il déclaré à des journalistes sur place.

Celui qui semble être le seul survivant, Luis Zevallos, âgé de 39 ans, a sauté à l'extérieur du bâtiment à partir d'une section de la bâtisse qui ne comporte pas de barreaux, a déclaré son frère Jose à l'Associated Press. Il a ajouté que son frère avait été brûlé au visage, mais qu'elles ne mettaient pas sa vie en danger.

La tante d'un jeune adulte de 18 ans qui est mort dans le feu, Jennifer Rugel, a expliqué à l'Associated Press que les centres de désintoxication péruviens barraient leurs portes pour empêcher les gens de s'enfuir, eux qui sont là contre leur gré. S'exprimant à partir de la morgue où la police a emmené les 14 corps, elle a précisé que son neveu, Marco Cespedes, avait dû être interné parce qu'il vendait des objets afin de payer ses drogues.

Selon Pablo Cespedes, la clinique possédait un permis, mais une inspection menée en 2011 avait recommandé des modifications pour éviter la surpopulation et l'embauche d'infirmiers professionnels. Les propriétaires de la clinique n'ont pas pu être contactés dans l'immédiat.

Après un incendie survenu le 28 janvier qui a coûté la vie à 29 résidants d'une clinique de Lima, des responsables gouvernementaux ont admis que l'État avait des ressources limitées pour soigner les personnes dépendantes. «L'État a 700 lits pour 100 000 drogués. Voilà la racine du problème», avait expliqué le lendemain à la radio Carmen Masias, la responsable de la lutte contre la dépendance.

Une étude de 2010 menée par l'agence dont elle a la charge, Devida, a dénombré 222 centres de désintoxication privés, 80 pour cent d'entre eux ne disposant pas de permis et manquant de docteurs et de psychologues.