Le Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'homme s'est déclaré mardi «extrêmement déçu» et «préoccupé» que l'ancien président haïtien Jean-Claude Duvalier soit seulement traduit en justice pour détournement de fonds plutôt que d'être jugé pour les «sérieuses violations des droits de l'homme» commises durant sa présidence.

«De très graves violations des droits de l'homme, y compris de torture, viol, et des exécutions extrajudiciaires» sous le régime de Jean-Claude Duvalier «ont été largement documentées par des organisations internationales et haïtiennes des droits de l'homme» a indiqué un porte-parole, Rupert Colville.

Il a relevé que le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme a «à maintes reprises rappelé à Haïti l'obligation absolue» d'enquêter sur ces graves violations des droits humains et d'en poursuivre les responsables.

«Nous sommes extrêmement déçus que M. Duvalier puisse ne pas être accusé d'aucun de ces crimes contre les droits de l'homme, malgré les plaintes déposées par plusieurs victimes», a ajouté le porte-parole.

«L'impunité pour de tels crimes graves ne peut être autorisée à prévaloir et nous exhortons les autorités compétentes à s'assurer que justice soit faite même tardivement, pour les nombreuses victimes des abus des droits de l'homme commis sous le gouvernement de M. Duvalier», a-t-il dit.

«Il ne peut y avoir de réconciliation véritable et de pardon sans justice» a insisté M. Colville.

Le juge d'instruction chargé du dossier de l'ancien président haïtien Jean-Claude Duvalier a recommandé lundi son renvoi devant un tribunal correctionnel pour détournement de fonds.

Les plaintes pour crimes contre l'humanité déposées par d'anciens opposants à M. Duvalier, revenu en Haïti en janvier 2011 après 25 années d'exil en France, n'ont en revanche pas été retenues à ce stade.

L'organisation Amnistie internationale avait notamment présenté en septembre dernier un rapport appelant les autorités haïtiennes à juger M. Duvalier pour des violations commises sous son régime.

L'ancien dictateur (1971-1986) âgé de 60 ans, chassé du pouvoir par une révolte populaire, avait effectué un retour spectaculaire en Haïti le 16 janvier 2011 au moment où le pays traversait une grave crise politique née du premier tour de l'élection présidentielle.