Le président cubain Raul Castro a réaffirmé vendredi sa volonté de promouvoir «lentement» une réforme de la loi migratoire qui permettrait d'alléger les restrictions de voyage appliquées aux Cubains depuis un demi-siècle.

«Je réaffirme ma volonté intangible d'introduire lentement les changements requis dans cette problématique complexe» de la loi migratoire, a affirmé le chef de l'État cubain en clôture de la seconde session annuelle de l'Assemblée nationale.

«Après l'autorisation de vente des véhicules et des logements, nombreux sont ceux qui considèrent urgente l'application d'une nouvelle politique migratoire, en oubliant les circonstances exceptionnelles que vit Cuba, sous le siège que nous impose la politique d'ingérence et de subversion du gouvernement des États-Unis», a expliqué le président cubain.

«Comme on pouvait s'y attendre, il n'a pas manqué d'exhortations, bien ou mal intentionnées, pour que nous accélérions le mouvement et pour nous imposer le rythme et la portée des mesures à adopter comme s'il s'agissait de quelque chose d'insignifiant et non du destin de la révolution et de la patrie», a-t-il poursuivi.

«Le 1er août, devant ce parlement, j'ai abordé publiquement le sujet et expliqué que nous sommes en train de travailler à une modernisation de la politique migratoire et que nous avancions en fonction des conditions offertes par le présent et l'avenir prévisible», a-t-il rappelé.

«Aujourd'hui, je réaffirme ma volonté intangible d'introduire lentement les changements requis dans cette problématique complexe, tout en évaluant dans toute leur intégralité les effets favorables et défavorables de chaque mesure que nous adoptons», a assuré le président.

Avec l'ouverture des marchés des véhicules et des logements, la réforme des restrictions aux voyages est une des lois les plus attendues par la population, soumise depuis plus de 50 ans à de sévères restrictions de mouvement.

Parmi les principales mesures étudiées, figurent notamment la disparition des permis de sortie et d'entrée dans l'île et le concept d'émigration «définitive» qui implique la confiscation par l'État de tous les biens de l'émigré et l'impossibilité de son retour à Cuba.

Amnistie de près de 3000 détenus

Le gouvernement cubain a accordé l'amnistie à près de 3000 détenus vendredi, dont certains condamnés pour des crimes politiques.

Le Conseil d'État a accepté de libérer 2900 détenus, dont des prisonniers âgés de plus de 60 ans ou malades, des femmes et des jeunes qui n'ont pas de long dossier criminel, selon l'agence de presse cubaine Prensa Latina.

L'agence précise que les prisonniers condamnés pour des meurtres, de l'espionnage ou du trafic de drogue ne feraient pas partie de cette amnistie, tout en précisant que certaines personnes condamnées pour des crimes politiques figuraient sur la liste. Ces personnes ont complété une importante partie de leur peine et ont fait preuve d'un bon comportement, indique l'agence de presse.

Mais aucune mention n'a été faite du cas d'Alan Gross, un sous-traitant du gouvernement américain arrêté en 2009 et condamné à 15 ans de prison pour des crimes contre l'État. L'emprisonnement de cet Américain a aggravé les relations déjà très froides entre Washington et La Havane.

Cette année, le gouvernement cubain a libéré les derniers des quelque 75 prisonniers politiques arrêtés lors d'une rafle en 2003.

Les autorités cubaines n'ont pas précisé quand les 2900 prisonniers seraient libérés.