La présidente argentine Cristina Kirchner, réélue haut la main il y a un mois et demi, a prêté serment samedi devant le Congrès pour un second mandat de quatre ans, en présence de plusieurs homologues latino-américains, a constaté un journaliste de l'AFP.

La présidente, âgée de 58 ans, qui porte encore le deuil plus d'un an après la mort de son mari et prédécesseur Nestor Kirchner (2003-2007), a été réélue le 23 octobre avec plus de 54% des voix après avoir été au plus bas en 2009 à l'issue d'un long conflit avec les agriculteurs.

«Si je devais manquer à mon devoir, que Dieu, la Patrie et Lui, me le reprochent», a déclaré Mme Kirchner, visiblement émue, ajoutant à la formule habituelle une référence directe à son mari décédé en octobre 2010.

Mme Kirchner a ensuite reçu l'écharpe présidentielle de sa fille, Florencia, et non du vice-président sortant, Julio Cobos, devenu son ennemi en votant contre elle en 2008 pendant la crise des agriculteurs au Sénat.

«Aujourd'hui, comme vous pouvez l'imaginer, ce n'est pas un jour facile pour cette présidente», a ensuite dit Mme Kirchner, rappelant, la voix brisée, qu'il y a quatre ans, en 2007, c'était son mari lui-même qui lui passait le relais.

«Cristina, Cristina, mon coeur, voici les jeunes et la libération», entonnaient des milliers de militants massés autour du Congrès, suivant la cérémonie de l'extérieur sur grand écran.

Arrivée escortée par une garde de «granaderos» à cheval, Mme Kirchner était vêtue de noir. La mort de son mari, terrassé par une crise cardiaque à ses côtés le 27 octobre 2010, lui a permis de donner d'elle une image plus sensible et moins autoritaire.

Les chefs d'État du Brésil, Dilma Rousseff, de Bolivie, Evo Morales, de l'Uruguay, José Mujica, du Paraguay, Fernando Lugo, du Chili, Sebastian Pinera, étaient présents parmi d'autres à la cérémonie.

La présidente argentine a comparé la crise européenne de la dette au défaut de paiement de l'Argentine il y a dix ans, le plus important de l'histoire (75 milliards d'euros).

«Cette situation en Europe est un miroir de l'Argentine de 2001», a dit Mme Kirchner, fustigeant un système «qui n'est pas basé sur l'économie réelle, mais sur l'économie financière».

Mme Kirchner est décidée à maintenir un modèle d'industrialisation et de relance par la consommation malgré la menace de la crise européenne.

«Rien ni personne ne pourra nous contraindre à changer de cap», avait-elle dit mercredi, alors que son gouvernement vient de supprimer une partie des subventions aux secteurs de l'énergie et des transports et de prendre des mesures draconiennes pour lutter contre la fuite des capitaux.

Mme Kirchner a décidé de nommer un nouveau chef de gouvernement, Juan Manuel Abal Medina, 43 ans, et un nouveau ministre de l'Économie, Hernan Lorenzino, 39 ans, remplaçant Amado Boudou, devenu vice-président, tout en confirmant la plupart de ses ministres.

La présidente «entame un second mandat dans une situation politique plus confortable qu'en 2007, mais dans un contexte économique plus difficile», a fait valoir Rosendo Fraga, de l'institut Nueva Mayoria. «La crise mondiale menace ici comme ailleurs», a-t-il ajouté.

Les réserves de la Banque centrale ont enregistré depuis le début de l'année une perte de près de 5 milliards de dollars (à 47,7 mds USD au lieu de 52,6 mds).

Le modèle économique de l'Argentine des Kirchner (2003-2011), basé sur des subventions de l'État, a permis d'augmenter la consommation des ménages de 4% par an et d'obtenir une croissance de 8% en moyenne depuis 2003 - à l'exception de 2009 (0,9%).