Des défenseurs des droits de l'homme ont accusé vendredi devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye (Pays-Bas) le président mexicain Felipe Calderon et plusieurs responsables de l'armée de crimes contre l'humanité, dans le cadre du combat contre les narcotrafiquants.

Signée par plus 20 000 personnes, la plainte remise à la CPI accuse les autorités d'avoir toléré des centaines de violations de droits de l'homme, dont des tortures et des exécutions extrajudiciaires, commises par les soldats déployés depuis 2006 dans tout le pays pour appuyer la lutte contre les cartels de la drogue, qui gangrènent le pays.

Les signataires accusent également les autorités et les trafiquants d'avoir refusé de respecter les règles de base des conflits armés et d'avoir mené «des attaques systématiques contre les populations civiles».

Les violences liées au trafic de drogue et au combat lancé par Felipe Calderon contre les narcotrafiquants ont fait 45 000 morts depuis décembre 2006. Cinquante cadavres ont été retrouvés mercredi et jeudi dans deux États de la côte Pacifique du pays.

«Notre objectif immédiat, c'est de s'assurer que le procureur de la Cour pénale internationale (Luis Moreno-Ocampo) se saisisse de la situation au Mexique», a indiqué à l'AFP l'avocat Netzai Sandoval, qui dirige cette campagne.

«Si nous y parvenons, le gouvernement mexicain devra démontrer sa réelle volonté de poursuivre et de punir les responsables de la crise humanitaire» que traverse le pays, a-t-il ajouté.

Le gouvernement mexicain a rejeté ces accusations le mois dernier, lorsque la campagne a été rendue publique.

Une porte-parole de CPI a confirmé vendredi le dépôt de plainte.

«Nous prendrons une décision en temps voulu», a affirmé à l'AFP Florence Olara.

La CPI ne peut être saisie que des cas de génocides, de crimes contre l'humanité et de guerre, et si aucune juridiction de l'État où se sont déroulés les faits ne veut - ou ne peut - engager une procédure. La Cour n'a jamais donné suite à une sollicitions émanant de particuliers.