Le ministre bolivien des Affaires étrangères David Choquehuanca a été retenu samedi pendant quatre heures par des manifestants indigènes qui voulaient l'utiliser comme bouclier face à des contre-manifestants, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les indigènes, en route vers La Paz pour protester contre un projet de route sur leurs territoires ancestraux dans une réserve naturelle amazonienne, ont contraint le ministre à les accompagner alors qu'ils étaient à Chacarina, dans le nord-est du pays.

«Ils m'ont obligé à marcher, ils m'ont obligé», a répété le ministre, visiblement fatigué, relâché après une marche d'environ huit kilomètres sur une route de terre battue entre Chacarina et Yucumo (320 km au nord-est de La Paz). Un vice-ministre avait également été contraint à se joindre au cortège des manifestants.

M. Choquehuanca s'était rendu Chaparina pour tenter de nouer un dialogue avec les indigènes.

Le président de la Confédération des peuples indigènes de Bolivie (Cidob), Adolfo Chavez, avait expliqué auparavant que le chef de la diplomatie bolivienne avait été contraint de suivre les manifestants, encadré par des femmes le tenant par les bras.

Des dizaines de partisans du président Evo Morales ont érigé il y a trois semaines des barricades à Yucumo dans l'intention d'empêcher les manifestants de passer, faisant craindre des affrontements.

Le ministre «doit (faire) suspendre le blocage» de la route à Yucumo, avait déclaré le dirigeant de la Cidob.

Des dizaines de policiers ont encadré le cortège des marcheurs après de premiers heurts à Chaparina où les forces de l'ordre ont empêché les manifestants de passer pendant une semaine.

Un colonel de la police a été blessé samedi à la lèvre par une flèche dans des heurts avec les forces de l'ordre et a été évacué dans une ambulance, a indiqué un responsable du ministère de l'Intérieur, Boris Villegas.

Les manifestants ont affirmé que les armes blanches qu'ils possèdent sont seulement destinées à la chasse pour se procurer de la nourriture pendant leur marche vers La Paz et à la «surveillance syndicale» du cortège.