Un deuxième tour va opposer en novembre deux candidats de droite pour la présidentielle au Guatemala, selon des résultats publiés lundi dans ce petit pays de 14 millions d'habitants miné par la pauvreté et les groupes criminels.

Le général à la retraite Otto Perez Molina (60 ans), un conservateur et le grand favori des sondages pré-électoraux, et Manuel Baldizon, un homme d'affaires de 41 ans, vont s'affronter le 6 novembre avec des programmes similaires prônant la fermeté contre la criminalité, au centre des préoccupations des Guatémaltèques.

Otto Perez, fondateur du Parti patriotique (PP, droite) et partisan d'une «main de fer», obtient 36% des suffrages, selon des chiffres diffusés par le Tribunal suprême électoral et portant sur 95% des bureaux de vote.

Il devance de 13 points l'entrepreneur favorable au rétablissement de la peine de mort, et de 20 points le mathématicien Eduardo Suger, qui ne peut désormais plus rattraper son retard sur les deux premiers, selon des calculs effectués par l'AFP.

C'est «une avance historique», s'est félicité lundi M. Perez. «Les écarts entre le premier et le second (au premier tour de l'élection) sont généralement de quatre points, six points. Aujourd'hui nous avons une avance relativement plus large que ça», s'est-il encore réjoui malgré un score de quelque 10 points inférieur à celui annoncé par les sondages pré-électoraux.

Otto Perez Molina, surnommé le «général de la paix» pour avoir négocié et signé les accords ayant scellé la fin de la guerre civile, a été visé par des accusations de violations des droits de l'Homme pendant la guerre.

Lundi, M. Baldizon a tiré les premiers boulets en direction de son adversaire en refusant «un retour vers le passé», et en affirmant que «le changement ne peut être incarné par des personnes ayant commis des irrégularités».

Ce jeune chef d'entreprise dont le discours a de forts accents populistes -il garantit le rétablissement de la peine de mort et la qualification de l'équipe nationale de football au prochain Mondial- fait l'objet d'accusations de financement par l'argent des cartels de son fief du Peten (nord-est) qui inquiètent nombre d'observateurs.

Au lendemain du scrutin de dimanche, la mission d'observation de l'Organisation des Etats américains (OEA) a regretté devant la presse la «lenteur» de l'annonce des résultats et les actes isolés ayant empêché par endroits le bon déroulement du vote.

Elle s'est toutefois déclarée satisfaite de la bonne organisation générale de ce scrutin qui a offert selon elle de bonnes garanties de transparence.

La présence au second tour de deux personnalités prônant la fermeté contre la criminalité «était évidente car la population est très angoissée», a déclaré à l'AFP Manfredo Marroquin, président de l'ONG Accion Ciudadana (Action citoyenne), branche locale de Transparency International.

Le Guatemala demeure un des pays les plus violents du monde. On y compte chaque année 48 meurtres pour 100.000 habitants, un des ratios les plus élevés du monde en grande partie attribuable au crime organisé (trafiquants de drogue et bandes locales, les «maras»).

Mais le succès écrasant de la droite a aussi pour origine l'absence de candidat du parti au pouvoir, qui a échoué dans sa tentative jusqu'au-boutiste de présenter la candidature de l'ex-épouse du chef de l'Etat sortant, Sandra Torres, bloquée par des dispositions constitutionnelles.

Les tâches seront multiples et lourdes pour le vainqueur du scrutin, dans un pays qui peine à se relever d'une guerre civile dévastatrice (1960-1996) ayant engendré de nombreux maux : criminalité, mais aussi pauvreté (51% de la population), corruption, malnutrition (deux millions de personnes) ou encore analphabétisme (30% de la population).

Les 7,3 millions d'électeurs étaient aussi appelés dimanche à désigner 158 députés, 333 maires et 20 représentants au Parlement centraméricain.

Aux législatives, les estimations de lundi placent le PP de M. Perez en tête, avec moins d'un tiers des sièges, devant les sociaux-démocrates favorables au président sortant.

Fait sans précédent au Guatemala, le futur vice-président du pays sera une femme car les deux «tickets» présidentiels encore en lice sont mixtes.