La présidente argentine Cristina Kirchner, qui a dominé les élections primaires de dimanche en récoltant plus de 50% des voix, se trouve dans une position idéale pour remporter la présidentielle du 23 octobre.

Après le dépouillement de l'ensemble des suffrages, Mme Kirchner, avec 50,07% des voix, soit quelque 10 millions de voix, devance largement le candidat social-démocrate Ricardo Alfonsin (12,17%) et l'ex-président péroniste (2002-2003) Eduardo Duhalde (12,16%), séparés par seulement quelque 3000 voix.

Hermes Binner, gouverneur socialiste de la province de Santa Fe (3e bassin de population du pays) arrive en quatrième position avec 10,26% des suffrages.

Lundi, Mme Kirchner a vu dans cette victoire «la reconnaissance d'une gestion», tout en tenant à rappeler que «personne n'est propriétaire du vote des citoyens», lors d'une conférence de presse, exercice auquel elle se livre rarement.

Ces primaires faisaient figure de répétition générale pour les candidats à la présidentielle, chaque parti ne présentant qu'un poulain.

Le scrutin, issu d'une nouvelle loi électorale votée en 2009, devait aussi désigner les candidats aux législatives (députés et sénateurs) pour chaque parti en vue des élections générales d'octobre.

Les candidats qui n'ont pas obtenu un plancher de 1,5% des suffrages dimanche ne pourront pas se présenter dans deux mois.

La veuve de Nestor Kirchner (président de 2003 à 2007, décédé en octobre) l'a emporté dans 23 des 24 districts électoraux du pays, à l'exception de celui de San Luis (centre), dont le gouverneur Alberto Rodriguez Saa a récolté 8,11% des suffrages pour la présidentielle.

«Cela vient confirmer les enquêtes auprès de l'opinion publique qui accordaient quasiment 50% des voix à la présidente, et le fait qu'aucun leader ne surgit de l'opposition fragmentée», commente l'analyste Julio Aurelio, de l'institut de sondages éponyme.

Les forces de l'opposition qui étaient parvenues à battre le Front pour la Victoire (FpV, alliance péroniste de Mme Kirchner) aux législatives de 2009 se sont largement dispersées depuis.

«Le vote d'opposition est apparu très fragmenté. L'opposition ne présente pas de projet crédible et à présent le contexte est très compliqué (pour elle) en vue du mois d'octobre», juge Mariel Fornoni, analyste politique pour l'institut Management & Fit (M&F).

Les ruptures d'alliance les plus remarquées sont intervenues entre les péronistes Duhalde et Rodriguez Saa, et entre Hermes Binner et le social démocrate Alfonsin, fils du président décédé de la transition démocratique Raul Alfonsin (1983-1989).

En outre, de l'avis de plusieurs observateurs, la proximité des scores de MM. Alfonsin (2e) et Duhalde (3e) pourrait également profiter à la présidente sortante de 58 ans.

«Il sera difficile pour l'un d'eutre eux de convaincre l'autre de lui donner son vote lors de la présidentielle du 23 octobre pour polariser l'opposition contre Kirchner», poursuit M. Aurelio.

Un autre enseignement de ces primaires est que cette victoire écrasante vient récompenser une croissance soutenue (9,1% en 2010) sous l'administration Kirchner.

«Selon une de nos enquêtes, 63% des personnes interrogées expliquent leur appui au pouvoir en place par la situation économique», souligne l'analyste Federico Aurelio, de l'institut Aresco.

Pour être élu au premier tour de la présidentielle, un candidat devra obtenir soit plus de 45% des voix, soit plus de 40% avec une avance de plus de 10% sur le deuxième.

Selon les observateurs tout porte à croire que la tendance ne pourra s'inverser et qu'une élection au premier tour de Mme Kirchner est à prévoir, sauf tremblement de terre.

«Pour l'opposition, il sera très difficile de réduire l'écart des primaires face à Mme Kirchner. Il est très important», assure Federico Aurelio.

La participation des quelque 28 millions d'électeurs à ces primaires inédites et obligatoires a été de 77,8%, un chiffre supérieur à celle enregistrée lors de la présidentielle de 2007.