Le président vénézuélien Hugo Chavez est rentré contre toute attente lundi dans son pays de Cuba où il a été opéré d'une tumeur cancéreuse, guilleret et prêt pour son «retour» à la vie publique après un mois d'absence.

«Nous arrivons au lever du soleil. Très heureux d'être à la maison», a déclaré Chavez à la télévision officielle VTV par téléphone, tandis que la chaîne diffusait des images du moment où le président touchait terre.

«C'est le début du retour», a-t-il ajouté. Hugo Chavez, ancien militaire, a expliqué avoir repris sa routine du temps où il était élève de l'académie: «examens médicaux, horaires stricts, médicaments, remise en forme».

Le président du premier exportateur de brut latino-américain et chef de file de la gauche radicale dans la région a été opéré le 10 juin d'un abcès pelvien puis d'une tumeur cancéreuse alors qu'il se trouvait à La Havane dans le cadre d'une tournée internationale qui avait commencé le 5 juin.

Chavez, 56 ans, a indiqué qu'il avait l'espoir de se rétablir pleinement, sans donner de détails sur la gravité de sa maladie ni sur le traitement suivi.

Le chef de l'Etat, sorti de l'avion en survêtement, le bras gauche levé, est apparu souriant et apparemment en meilleure forme que sur les vidéos diffusées ces derniers jours de La Havane où il se montrait amaigri et ému.

Reçu à Caracas par son vice-président Elias Jaua et des ministres, il a entonné une chanson populaire et plaisanté: «Fidel (Castro, le père de la révolution cubaine) est presque monté dans l'avion», a-t-il lancé.

Il a également félicité l'équipe de football du Venezuela pour sa prestation face au Brésil (1-1) dimanche à la Copa America en Argentine.

«Cuba, Venezuela, sont une même patrie, je suis heureux», a déclaré Chavez qui a remercié les médecins de l'île pour les soins reçus.

«Les résultats sont impressionnants et je n'hésite pas à assurer que le patient a livré une bataille décisive qui le conduira, et avec lui le Venezuela, à une grande victoire», a écrit Fidel Castro dans un article publié lundi.

Le président doit se présenter devant le «peuple vénézuélien» dans l'après-midi lors d'une cérémonie organisée aux portes du palais présidentiel de Miraflores à Caracas. L'affluence promet d'être massive.

Mais il a déjà prévenu qu'il ne pourrait pas être présent aux célébrations du bicentenaire de l'indépendance du Venezuela, prévues mardi, malgré leur importance pour un dirigeant convaincu d'incarner une «seconde» indépendance, celle du peuple par rapport à la bourgeoisie.

«Je ne pense pas que je pourrai vous accompagner lors des cérémonies officielles mais je suis là et je serai là avec vous à mon poste de commandement au coeur de Caracas et du Venezuela. Même si évidemment je ne suis jamais parti», a-t-il dit.

L'état de santé de Chavez a provoqué la suspension d'un important sommet latino-américain qui devait avoir lieu les 5 et 6 juillet au Venezuela pour créer un nouveau bloc régional sans les Etats-Unis et le Canada.

Le président n'a jamais cédé ses pouvoirs à son vice-président pendant son absence.

Son état de santé a toutefois modifié la donne avant l'élection présidentielle cruciale de fin 2012, à laquelle il a déjà dit qu'il se présenterait.

«C'est une situation d'incertitude mais sans aucun doute c'est aussi une rupture, un point d'inflexion. La politique a touché terre. Superman n'est plus Superman», a estimé l'historienne Margarita Lopez Maya.

M. Chavez, élu à trois reprises depuis 1998, est toujours populaire avec 50% de soutien.

Ses partisans affirment qu'il sera candidat en 2012.

Selon le vice-président Elias Jaua, «ce retour est le commencement des batailles et des victoires à venir que nous gagnerons avec le peuple et avec lui à sa tête».

«Chavez pourra-t-il affronter la campagne électorale de 2012? Sans avoir de détails sur la gravité de sa maladie, on ne sait pas s'il le pourra, mais s'il le peut, il fera tout pour garder le pouvoir», a estimé Luis Vicente Leon, directeur de l'institut de sondage Datanalisis.

Selon lui, le retour du président était «prévisible». «De fortes incertitudes sont apparues à la base et au sommet du +chavisme+ chez qui la déception et la lutte pour le pouvoir ont été stimulées. Chavez doit arrêter ça rapidement et garder l'unité de la révolution».