Au moins 32 cadavres ont été trouvés dans des charniers à San Fernando, dans l'État du Tamaulipas, dans le nord-est du Mexique, portant à 120 le nombre de corps retrouvés dans cette municipalité depuis le 1er avril, a indiqué mardi une source judiciaire locale.

Les autorités avaient fait état jeudi pour la première fois de la découverte de 59 corps dans des fosses clandestines de cette zone située à 160 km de la frontière avec les États-Unis, et livrée depuis des mois aux violences des cartels de la drogue.

Vendredi, elles avaient annoncé 13 découvertes de plus à un autre endroit de la ville, et 16 supplémentaires dimanche.

Selon les autorités, les victimes seraient toutes des passagers d'autobus de lignes régulières se dirigeant vers la frontière des États unis, et qui auraient été enlevés de manière sélective par des hommes armés.

La majorité des victimes sont des citoyens mexicains. Toutefois, le consulat des États unis à Matamoros a indiqué mardi qu'au moins un citoyen américain voyageait dans un des autobus attaqués. Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères du Guatemala a confirmé qu'un des citoyens de ce pays, un homme de 44 ans, figurait parmi les cadavres découverts.

Les 32 corps dont la découverte a été annoncée mardi ont été transportés à Matamoros, la ville frontalière avec l'État du Texas, où sont centralisées les tâches d'identification des victimes.

Depuis lundi, des dizaines de familles à la recherche de parents de disparus sont accueillies au service de médecine légale de la ville pour tenter d'établir si des proches se trouvent parmi les cadavres retrouvés jusqu'à présent.

Selon les autorités du Tamaulipas, au moins six autobus ont été attaqués en lien avec l'enlèvement de passagers depuis le début de l'année.

Mais des habitants de la zone ont dit à la presse que les cas d'attaques d'autobus sont bien plus nombreux. Ce n'est que le 25 mars que les autorités ont été alertées et ont entamé les premières recherches.

San Fernando est un point de passage obligatoire pour tous ceux qui veulent se rendre aux États-Unis par le chemin le plus court en venant du Mexique.

Cette municipalité de 58 000 habitants qui s'étend sur 6000 km2 est située à l'embranchement de routes importantes menant vers les deux villes frontalières des États-Unis dans l'État du Tamaulipas : Reynosa et Matamoros.

C'est dans la même municipalité de San Fernando, aujourd'hui le plus grand cimetière clandestin du Mexique, qu'en août 2010 les cadavres de 72 immigrés clandestins originaires d'Amérique centrale et du Sud avaient été découverts, alignés dans la cour d'une ferme. Ce massacre avait été attribué au cartel meurtrier de la drogue des Zetas.

Cette organisation a été créée par d'anciens militaires d'élite qui avaient déserté dans les années 90 pour travailler au service du cartel du Golfe. Aujourd'hui, elle est en guerre contre ses anciens chefs. Selon les autorités, elle a recours aux enlèvements, aux extorsions et à d'autres types de délits pour financer ses activités.

Les Zetas responsables de 116 morts

Le cartel de trafiquants de drogue des «Zetas» est responsable de la mort de 116 personnes retrouvées récemment dans des charniers, a indiqué mardi la ministre mexicaine de la Justice, Marisela Morales.

«À ce jour, nous avons confirmation de la découverte d'un total de 116 personnes décédées du fait d'actions criminelles qui peuvent en principe être attribuées au groupe délinquant de Los Zetas», a dit Mme Morales dans une déclaration à la presse.

La ministre a précisé qu'un groupe de plus de trente experts travaillait à l'identification des corps retrouvés depuis début avril dans une dizaine de charniers répartis en différents points de la municipalité de San Fernando.