Des milliers de personnes ont participé mercredi à des rassemblements dans une quarantaine de villes du Mexique pour protester contre la violence des narcotrafiquants et de la riposte militaire engagée contre eux par le gouvernement du président Felipe Calderon.

Ces manifestations «pour la paix, contre la violence» avaient été convoquées par le poéte Javier Sicilia, dont le fils a été retrouvé assassiné le 28 mars, près de la ville de Cuernavaca, à 90 km au sud de Mexico. Le corps de Juan Francisco Sicilia, portant des traces de torture, avait été retrouvé avec ceux de six autres personnes, dont quatre jeunes de ses amis, dans une voiture.

Quelque dix mille personnes ont participé mercredi après-midi à un marche dans le centre de Mexico, selon un journaliste de l'AFP.

Précédés d'une grande banderole portant l'inscription l'inscription «Calderon assassin de jeunes», les manifestants, porteurs de milliers d'affichettes «Assez de sang!», ont scandé, «Ce gouvernement nous plonge dans l'enfer» ou «Ce n'est pas notre guerre, mais ce sont nos morts».

La lutte engagée par le président Calderon dès son arrivée au pouvoir en décembre 2006 contre les narcotrafiquants avec l'appui de 50 000 militaires a fait plus de 34 600 morts en quatre ans, selon les chiffres officiels. Depuis le début de l'année 2011, on a déjà compté 3000 morts selon des décomptes de la presse mexicaine.

Javier Sicilia, qui avait été reçu mercredi matin pendant plus de deux heures par le président Calderon a la résidence présidentielle de Los Pinos, a conduit dans l'après-midi la manifestation qui a rassemblé environ 5000 personnes à Cuernavaca.

Plusieurs centaines de personnes se sont aussi rassemblées à Guadalajara (ouest), la second ville du Mexique, avec une immense banderole «Assez de sang».

Selon les organisateurs à Mexico, des rassemblements ont eu lieu dans 38 villes du Mexique, ainsi que devant les représentations diplomatiques du Mexique aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en France, en Argentine, au Pérou et au Chili.

Plus de 40 corps découverts dans une fausse

Plus de 40 corps ont été découverts dans une fosse commune située dans l'État de Tamaulipas, dans le nord du Mexique, près de l'endroit où de présumés membres d'un gang ont massacré 72 migrants l'été dernier, ont annoncé les autorités mercredi.

Ruben Dario, un porte-parole du bureau du procureur général de l'État de Tamaulipas, a indiqué que la fosse commune était en train d'être excavée pour déterminer le nombre exact de victimes et leur identité.

Des responsables de l'État ont affirmé que la fosse commune avait été découverte par une patrouille militaire, mais les bureaux de presse du ministère de la Défense et de la marine mexicaine ont indiqué qu'ils ne pouvaient confirmer l'information.

La fosse commune a été découverte tard mardi soir dans la municipalité de San Fernando, dans la même zone où les corps de 72 migrants, la plupart originaires d'Amérique centrale, ont été découverts le 24 août sur un ranch.

Les autorités ont attribué le massacre au cartel des Zetas, qui combat le cartel du Golfe pour s'assurer du contrôle de la région. Selon les autorités, l'attaque est survenue après que les migrants eurent refusé de travailler pour le cartel.

Les cartels de la drogue mexicains se sont mis à recruter des migrants, des criminels de droit commun et des jeunes, affirment les autorités mexicaines. Les trafiquants de drogue tiennent aussi des points de contrôle informels le long des autoroutes de Tamaulipas et dans d'autres États du nord du pays, où ils arrêtent des voitures, volent et parfois tuent les passagers.

La municipalité de San Fernando est située sur une importante autoroute qui mène à la frontière avec les États-Unis, mais on ne sait pas pour l'instant si les victimes trouvées dans la fosse commune ont été enlevées sur cette route.

Les gangs mexicains utilisent aussi de telles fosses pour se débarrasser des corps de leurs rivaux.

-Avec Associated Press