Certains s'apprêtent à fêter Noël heureux et en famille, mais le réveillon s'annonce morose pour nombre des 33 mineurs miraculés du Chili, encore traumatisés par leurs deux mois d'isolement à plus de 600 mètres de profondeur, selon leurs parents et leurs médecins.

Les «33» viennent de créer une société anonyme et d'engager un grand cabinet d'avocats du Chili pour gérer leur image face aux multiples projets de films, de livres, de publicités, mais ils ne passeront pas Noël ensemble.

Plus de deux mois après leur sauvetage spectaculaire qui a captivé des centaines de millions de téléspectateurs du monde entier, le groupe s'est déjà disloqué et des problèmes ont éclaté entre certains.

«Il y en a beaucoup qui ne se supportent plus», explique le psychologue Alberto Iturra, membre de l'équipe qui les a suivis en surface pendant leurs 69 jours de calvaire sous terre dans une mine du nord du Chili et qui continue à surveiller leur convalescence.

«Il y a certains différends. Des sous groupes plus petits se sont formés, mais en général, ils vont plutôt bien, ils ne sont pas en train de se bagarrer», souligne le médecin Jean Romagnoli, autre membre de l'équipe de suivi.

«Il y a quelques cas de jalousie», reconnaît cependant le médecin qui participe à des conférences débats avec Omar Reygadas et Mario Sepulveda.

Ces deux mineurs font partie de ceux qui ont le mieux tiré partie de leur célébrité inattendue. Ils se sont rendus dans plusieurs pays pour expliquer «comment affronter de telles situations, grâce au travail d'équipe et à la confiance en l'autre», précise le docteur Romagnoli.

Raul Bustos a fait de même à Talcahuano, le port du sud du Chili qu'il avait quitté après le tremblement de terre et le tsunami qui ont fait plus de 500 morts fin février.

«Il va super bien parce qu'il a pris tout cela avec calme et n'est pas passé beaucoup à la télévision», estime sa mère Rosa Ibanez.

Le doyen du groupe, Mario Gomez, 63 ans, va lui aussi «très bien et continue à être suivi» psychologiquement, selon sa fille Roxana.

«Nous attendons Noël en famille, tout sera parfaitement normal», a-t-elle ajouté.

A l'inverse, Victor Zamora n'a pas encore surmonté le traumatisme et passera Noël seul avec sa femme et son fils à la plage, selon sa mère Nelly Bugueno.

«Nous ne l'avons pas vu, mais nous savons qu'il traverse une période très délicate. Il a encore du mal à surmonter cette tragédie. Nous espérons qu'il va s'en remettre», a-t-elle déclaré à l'AFP.

Edison Pena, qui a participé au marathon de New York, a également traversé des périodes de dépression, selon un membre de son entourage, qui a requis l'anonymat.

Après leur sauvetage ultra-médiatisé, les «33» ont dû répondre à de nombreuses sollicitations. Certains ont voyagé à Hollywood ou en Europe pour des émissions de télévision, assisté en VIP à des matches de football du Real Madrid ou de Manchester United.

Pour faire face à cet assaut médiatique, un suivi psychologique d'au moins six mois était prévu, mais près de la moitié des mineurs ont déjà été libérés du programme et le docteur Iturra regrette qu'ils n'aient pas bénéficié de soutiens différenciés.

«Ce sont des personnalités différentes et ils ont besoins de traitements différenciés, car chacun avance à un rythme différent (...) Ils sont très seuls. Ils devraient déjà travailler sur leur avenir», dit-il.

Pour l'instant, tous touchent des indemnités d'arrêt de travail, mais la moitié sont prêts à reprendre un emploi normal, selon lui.