Jamais autant de responsables du trafic de drogue n'ont été «capturés» au Mexique que sous le gouvernement actuel, en place depuis décembre 2006, a affirmé mercredi le président Felipe Calderon, dont la stratégie antidrogue est critiquée dans l'opposition.

«C'est sous cette administration qu'on a capturé le plus grand nombre de chefs d'organisations criminelles, à tous les niveaux de leurs structures criminelles et financières, tueurs ou vendeurs», a poursuivi M. Calderon dans un discours-bilan après quatre ans de gestion du pays.

La «guerre des cartels» entre les bandes de trafiquants pour le contrôle du trafic n'a jamais non plus été aussi meurtrière que depuis son arrivée à la présidence: 28 000 morts depuis décembre 2006, un bilan record qui s'alourdit d'année en année.

Le président n'a pas donné de chiffres précis, mais son ministère de l'Intérieur avait dressé en septembre un bilan de 125 «chefs» et plus de 5000 hommes de main arrêtés.

À la différence de ses prédécesseurs, qui maintenaient une sorte de statu quo avec les cartels, il a érigé la lutte contre «le crime organisé» en priorité nationale, déployant 50 000 militaires sur le terrain en renfort de la police.

Les critiques contre cette stratégie massive ont fusé, dans l'opposition et dans la société civile qui dénoncent des abus commis par l'armée sur la population et soulignent que les cartels continuent à terroriser des régions entières.

L'offensive contre les cartels a permis de saisir près de 100 000 armes et «plus de dix millions de munitions», a poursuivi M. Calderon. «Ces armes seraient suffisantes pour équiper une armée dans bien des pays d'Amérique latine, d'Afrique ou d'Asie», a-t-il lancé.

Il a rejeté d'autres critiques, selon lesquelles les autorités épargneraient un cartel en réservant leurs frappes aux six autres qui se disputent le marché national et l'approvisionnement des États-Unis, premier client mondial de la cocaïne, un produit spécifiquement latino-américain.

Les critiques désignent le cartel dit «de Sinaloa», considéré comme le plus puissant du pays et dirigé depuis sa «cavale» par le trafiquant le plus recherché au Mexique et aux États-Unis, Joaquin «Chapo» («le petit») Guzman. Évadé d'un pénitencier mexicain depuis 2001, il figure maintenant dans la liste des milliardaires en dollars du magazine américain Forbes.

«Toutes les organisations ont été combattues, et toutes ont été frappées durement», a insisté M. Calderon.

L'armée a abattu en particulier en décembre 2009 le chef du cartel dit «des frères Beltran Leyva», Arturo.

Selon M. Calderon, 24% des arrestations ont été opérées dans le clan de Guzman, et 28% au sein du «cartel du Golfe» - autre grande organisation - et des «Zetas», ses anciens hommes de main devenus ses rivaux.