Le président haïtien sortant René Préval a un «caractère de caméléon» avec lequel il est difficile de coopérer, affirmait sept mois avant le séisme un télégramme diplomatique américain daté de juin 2009, divulgué par WikiLeaks et repris mardi par le site Le Monde.fr.

«Préval reste l'homme indispensable d'Haïti», insistait cependant ce mémo intitulé «Déconstruire Préval». «La relation avec lui est un défi qui peut être frustrant et parfois gratifiant», la difficulté découlant de sa «vision du monde, sa personnalité et son style de leadership renfermé», ainsi que d'un «caractère de caméléon».

«Personnalité discrète et complexe, le président partage peu. Son cercle rapproché a beaucoup rétréci ces deux dernières années (...) L'isolement de Préval dans le palais au cours de la dernière année est notable», affirmait cette analyse qui soulignait aussi que le président haïtien acceptait rarement les «opinions divergentes».

La note décrit aussi le chef de l'État comme «têtu et soupçonneux», et «sceptique sur les engagements de la communauté internationale». «Préval demeure essentiellement un nationaliste», «méfiant à l'égard des intentions des étrangers et convaincu que personne ne comprend Haïti aussi bien que lui».

Le mémo lui reproche d'autre part d'avoir laissé s'instaurer un vide politique: «tantôt déterminé, tantôt distrait, Préval est souvent réticent à utiliser les leviers du pouvoir». Il en résulte un «vide politique» occupé par «ceux qui ne pensent pas nécessairement aux intérêts de la nation».

Lors de son élection en 2006, M. Préval avait compté sur le soutien des États-Unis, du Brésil et de la France. Ses réactions après le séisme de janvier ont été jugées souvent trop molles et hésitantes.