Le président vénézuélien Hugo Chavez, omniprésent sur les affiches appelant à voter pour «ses candidats», est la figure centrale de la campagne pour les législatives du 26 septembre, qui se résument à un nouveau plébiscite pour ou contre lui, selon les experts.

Vêtu de sa traditionnelle chemise rouge, le dirigeant vénézuélien multiplie les réunions publiques, les bains de foule et les discours-fleuves pour inviter les électeurs à «renforcer et radicaliser» sa révolution socialiste lancée en 1999.

«Mes candidats sont ceux du peuple et de la révolution», assure le chef de l'État. Par conséquent, voter pour eux c'est «voter pour Chavez», répète-t-il inlassablement.

Le chef de l'État s'est fixé pour objectif de remporter les deux tiers des sièges à l'Assemblée nationale, où l'opposition est actuellement quasiment absente en raison de son boycottage du précédent scrutin en 2005.

Selon Chavez, les Vénézuéliens ont le choix entre enraciner son socialisme du XXIe siècle ou confier leur avenir à «la contre-révolution», qui «de l'Assemblée nationale, essayerait de faire obstruction aux projets du gouvernement, de déstabiliser le pays et de faire un coup d'Etat».

«Chavez transforme chaque élection en plébiscite autour de sa personne: ''vous êtes avec moi ou contre moi''», estime l'analyste Andres Stambouli.

Le chef de l'État lui-même considère que ces législatives «auront un fort impact sur l'élection présidentielle de 2012», au cours de laquelle il pense briguer un troisième mandat.

«Peu lui importe qu'ils votent pour untel ou untel, ce qui l'intéresse, c'est qu'ils votent pour lui. Il mesure l'étendue de son soutien», indique le politologue José Carrasquero.

Même si Hugo Chavez a suspendu jusqu'au mois d'octobre son programme radio-télévisé dominical «Alo presidente» (Allo président) pour respecter les lois électorales et éviter de faire campagne en faveur des candidats de son parti, sa présence sur les écrans a augmenté.

Depuis le début de la campagne le 25 août, le chef de l'État est ainsi apparu pendant 63 heures à la télévision, selon l'ONG Sumate.

Face aux critiques sur sa participation active à la campagne, le chef de l'État rétorque qu'il ne fait qu'exercer ses «droits civiques» et maintenir son «engagement politique».

Onze ans après son arrivée au pouvoir, il n'a en outre aucun rival de taille que ce soit dans les rangs du pouvoir ou d'une opposition très hétéroclite.

Sa popularité reste élevée, malgré une insécurité très forte, une inflation galopante et une crise énergétique prolongée, avec des coupures de courant à répétition.

Du coup, son omniprésence relève de l'évidence sur le plan stratégique, pour Andres Stambouli.

«Si vous avez un leader charismatique et que vous ne l'utilisez pas dans votre campagne, vous êtes un imbécile», souligne le politologue.

Mais cette situation a pour conséquence «une campagne sans contenu» au cours de laquelle «il n'y a pas de débat d'idées», déplore José Carrasquero. «L'élection se limitera à un vote pour ou contre Chavez», ajoute-t-il.