Le nouveau président colombien Juan Manuel Santos reçoit mardi à Santa Marta, port caribéen du nord de la Colombie, son homologue Hugo Chavez, une rencontre au sommet se voulant «franche et directe», destinée à régler une crise sans précédent entre les deux pays.

Le ministère colombien des Affaires étrangères a confirmé lundi la tenue du sommet entre Santos et Chavez, à 950 km au nord de Bogota, à Santa Marta, après que les deux pays soient tombés d'accord sur ce lieu, notamment en raison de craintes pour sa sécurité exprimées par Hugo Chavez.

Si lors de cette réunion, qui doit débuter à 12h30 locales (13h30 HNE) «les présidents tombent d'accord, les relations (entre la Colombie et le Venezuela, ndlr) seront rétablies. Cela dépendra du dialogue de demain (mardi). C'est justement le but de la réunion», a déclaré la chef de la diplomatie colombienne Maria Angela Holguin, au journal El Tiempo de Bogota.

La déclaration tempérait des affirmations plus optimistes de la présidence brésilienne, quelques heures plus tôt.

Selon un porte-parole du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, M. Santos a fait savoir lundi soir à Lula lors d'un entretien téléphonique que les «ministres des Affaires étrangères de Colombie et du Venezuela doivent annoncer dans les prochaines heures» la reprise des relations diplomatiques.

Lula, qui avait oeuvré en faveur d'un rapprochement, notamment en se rendant à Caracas vendredi, a aussi assuré qu'il «priait Dieu» pour que cette réunion permette de «construire la paix», entre les deux pays.

«Je suis très optimiste sur la construction d'une paix entre le Venezuela et la Colombie», a-t-il dit.

À des milliers de kilomètres de là, Fidel Castro a aussi assuré «qu'il n'y a aucune possibilité, même lointaine, que la Colombie attaque le Venezuela». «Elle n'y a pas d'intêret», «elle ne peut pas», «elle ne le souhaite pas» et «les conséquences seraient désastreuses», a-t-il déclaré.

Le 22 juillet, Caracas avait rompu ses relations diplomatiques avec Bogota, après que ce pays eût présenté devant l'Organisation des États américains des «preuves» (images satellites, coordonnées GPS, photos) de la présence «active» de quelque 1 500 rebelles colombiens des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) au Venezuela.

Pour Hugo Chavez, qui avait ordonné des déploiements de troupes à la frontière, le geste de la Colombie montrait la «folie guerrière» du président sortant Alvaro Uribe.

Bien que les deux pays aient expérimenté plus d'un froid dans leurs relations, jamais, depuis son arrivée au pouvoir en 1999, Hugo Chavez n'avait été jusqu'à rompre les relations avec son voisin.

Le dernier sommet ayant rassemblé les chefs d'État des deux pays remonte au mois d'avril 2009, à Caracas.

Les rapports entre la Colombie et le Venezuela, se sont particulièrement dégradés depuis juillet 2009 lorsque Bogota avait annoncé avoir atteint un accord avec Washington qui permettrait à l'armée américaine de faire usage d'au moins sept bases militaires en Colombie, accord jugé menaçant par Hugo Chavez.

L'affrontement a depuis pris une tournure de plus en plus personnelle, selon les analystes.

«Les difficultés dans les relations (entre les deux pays, ndlr) avaient beaucoup à voir avec un problème entre les présidents Chavez et Alvaro Uribe et le changement de gouvernement en Colombie rend possible que les portes s'ouvrent», a déclaré à l'AFP l'expert en questions frontalières Ricardo Abello, de l'université privée du Rosario à Bogota.

Un retournement de situation alors qu'en 2008 Santos, alors ministre de la Défense colombien, avait publiquement souhaité que «Chavez ne continue pas à soutenir les Farc». Chavez avait alors demandé à Alvaro Uribe de contenir son ministre qu'il avait qualifié de «franc-tireur».