L'armée vénézuélienne est en ordre de marche à la frontière avec la Colombie, selon le ministre de la Défense, au lendemain de l'annonce de la rupture des relations bilatérales par le président Hugo Chavez, accusé par Bogota d'héberger sur son sol des guérilleros colombiens.

Un ballet diplomatique était annoncé pour les 5, 6 et 7 août, preuve que les responsables régionaux ne s'attendent pas à une détente avant l'arrivée au pouvoir, prévue le 7, du président colombien élu Juan Manuel Santos.

«Les forces armées nationales bolivariennes sont opérationnelles et prêtes à obéir aux ordres du commandant en chef et président de la République», a indiqué vendredi le ministre de la Défense, le général Carlos Mata, dans une déclaration lue sur la chaîne officielle VTV.

Le vice-président vénézuélien Elias Jaua a qualifié la situation à la frontière de «normale». «Nos forces armées sont déployées selon un dispositif normal, même si elles sont en état d'alerte conformément aux ordres donnés par le commandent en chef» Hugo Chavez, a-t-il dit.

Les chefs militaires vénézuéliens ont également qualifié de «calme» la zone frontalière longue de plus de 2000 km en précisant que les ponts internationaux demeuraient «ouverts».

M. Chavez avait placé ses troupes en «état d'alerte maximal» jeudi, accusant le président colombien sortant Alvaro Uribe de vouloir utiliser la question des guérillas comme prétexte pour attaquer son pays.

M. Uribe, qui passera le relais à Juan Manuel Santos le 7 août, n'a pas réagi à l'annonce vénézuélienne de cette rupture des relations diplomatiques bilatérales, une première depuis l'arrivée au pouvoir de M. Chavez en 1999.

«Santos va essayer de relancer les relations. C'est son souhait», a estimé l'expert colombien Ricardo Abello. Pour lui, l'équipe sortante, en dénonçant devant l'Organisation des Etats américains (OEA) la présence supposée de membres de la guérilla colombienne au Venezuela, «cherche à fixer le cap de la politique étrangère du prochain gouvernement».

Pour l'analyste vénézuélienne Maruja Tarre, «la rupture sera résolue quand Santos arrivera au pouvoir, mais le problème de fond restera intact».

Les deux voisins accumulent les différends depuis des années. Ils avaient failli entrer en conflit en mars 2008 après le bombardement par Bogota d'un campement de la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) en Equateur, allié de Caracas.

La crise avait été résolue une semaine plus tard, mais M. Chavez avait à nouveau «gelé» ses relations avec Bogota il y a un an, après l'annonce d'un accord sur l'utilisation par l'armée américaine de sept bases en Colombie.

Les responsables régionaux multiplient les propositions de médiation.

Le secrétaire général de l'Union des nations sud-américaines, l'Argentin Nestor Kirchner, rencontrera le 5 août M. Chavez, puis le 6 et 7 MM. Uribe et Santos.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva rencontrera M. Chavez le 6 août à Caracas. Le chef de l'Etat équatorien, Rafael Correa, qui exerce la présidence tournante de l'Unasur a proposé un sommet.

Washington, principal allié de M. Uribe, a annoncé que la sous-secrétaire d'Etat Judith Hale se rendrait à Bogota dès dimanche. Il a néanmoins estimé que les accusations de Bogota devaient être prises «très au sérieux».

L'ambassadeur de Colombie à l'OEA, Luis Hoyos, a présenté jeudi des «preuves» (images satellites, coordonnées GPS, photos) de la présence de 1500 guérilleros et de dizaines de camps rebelles colombiens au Venezuela, où ils jouissent selon lui d'une totale impunité.

Caracas a catégoriquement rejeté ces allégations, dénonçant un «cirque médiatique».