L'opposant cubain Guillermo Farinas qui a mis un terme jeudi à 135 jours de grève de la faim après l'annonce des libérations prochaines de 52 détenus politiques, a dit vendredi à la radio nationale espagnole être le «premier surpris» par la décision du régime communiste.

«Je suis le premier surpris», a déclaré M. Farinas à la radio dans la nuit, ajoutant qu'il «faut donner une marge de crédibilité au gouvernement pour qu'il libère ces 52 prisonniers».

Cyberjournaliste de 48 ans, Guillermo Farinas avait entamé son 23e jeûne de protestation le 24 février, au lendemain de la mort controversée d'un détenu d'opinion en grève de la faim, une affaire sans précédent depuis 40 ans qui avait causé de vives tensions à Cuba.

L'Église catholique, médiatrice dans ce dossier, avait déjà obtenu le mois dernier du gouvernement communiste la libération du plus malade des prisonniers de conscience, Ariel Sigler.

Fait rarissime, la presse cubaine, sous contrôle de l'État, a publié jeudi le communiqué intégral de l'Église sur la libération prochaine de «52 prisonniers», sans mentionner toutefois qu'il s'agissait de détenus politiques.

M. Farinas a ajouté avoir cessé sa grève de la faim pour «délier les mains de ceux qui négocient avec le gouvernement cubain (...)».

«Nous ne voulons exercer aucun type de pression parce que notre intérêt est que nos frères soient libres, à Cuba ou hors de Cuba», a-t-il déclaré.

«Il est important que nous apprenions à pardonner à ceux qui aujourd'hui nous répriment, parce que je lutte, et la majorité de mes frères aussi, pour qu'il n'y ait pas de sang versé», a-t-il dit, ajoutant qu'il fallait prendre exemple sur l'Espagne postfranquiste.

«Quand s'est achevée la dictature du généralissime Francisco Franco (en 1975), vous (les Espagnols) avez su aller vers la démocratie de manière cohérente, sans verser de sang», a-t-il affirmé.

Il s'agit du plus important processus de libérations depuis que Raul Castro a succédé à son frère Fidel il y a quatre ans.

Ce dernier avait libéré en 1998 une centaine de détenus politiques peu après la visite historique du pape Jean Paul II sur l'île communiste.