En Équateur, les tueurs à gage proposent leurs services à partir de 400 dollars, y compris sur Internet, pour régler à leur manière des différends ou encore des infidélités, alarmant les autorités face à l'explosion des assassinats.

«Finissez-en avec vos ennemis»: ce type d'annonce, canulard ou véritable proposition de services publiée sur l'internet, a suscité en Équateur un branle-bas de combat chez les policiers, qui constatent une augmentation réelle des assassinats sur commande.

«Nous éliminons les scories qui l'incommodent. Nous en finissions avec les ennemis qui ne le laissent pas vivre en paix» lit-on même sur un site.

Entre janvier et avril 2010, 212 homicides ont été rapportés dans la seule ville de Guayaquil (260 km au sud de Quito) dont 11% seraient liés à des commandes, a expliqué à l'AFP Antonio Gagliardo le procureur de cette ville, la deuxième d'Equateur, située sur le Pacifique.

La province de Guayas, dont Guayaquil est la capitale, concentre 33% des délits commis dans l'ensemble du pays et les assassinats «sont devenus une manière ordinaire de résoudre des différends, des impayés, des haines, des querelles amoureuses et litiges autour de la propriété des terres», explique-t-il.

Même les proches de personnalités ne sont pas épargnés, comme l'épouse d'un député, le 27 mai, ou encore le cousin du dirigeant du Conseil national des transports, tués par balle par des inconnus le 4 juin.

Le magistrat assure que les tueurs à gage n'hésitent plus à offrir leurs services par tract, sur l'nternet ou par email.

«Nous enquêtons sur ces affaires, mais en Équateur c'est compliqué car nous ne disposons pas de la technologie nécessaire pour les pister», explique-t-il.

La police a récemment interpellé deux tueurs à gage présumés impliqués dans 17 assassinats, et le gouvernement, manifestement inquiet, a mis en place une unité de policiers d'élite pour se consacrer au renseignement en particulier dans les provinces les plus touchées, dont Guayas et Pichincha (où se trouve la capitale, Quito).

En Équateur, les autorités ont enregistré 2 286 meurtres avec préméditation en 2009, contre 2 035 un an plus tôt, soit une hausse de près de 10%.

Presque la moitié des assassinats (1 032) ont été commis à Guayas.

«La situation dans la province de Guayas est réellement alarmante», admet le vice-ministre de l'Intérieur Edwin Jarrin. «Il faut que nous déterminions avec certitude les mobiles, l'identité de ceux qui offrent ces services et qui les embauche», déclare-t-il encore à l'AFP.

L'Équateur, qui apparaît aussi de plus en plus comme une plaque tournante du trafic de cocaïne, avec des saisies record de 64 tonnes en 2009, est ainsi devenu un territoire de tueurs à gage, profession qui a pris depuis longtemps son essor, avec les cartels de la drogue, chez son voisin, la Colombie.

«Les gens se mettent facilement en contact avec les tueurs à gage, négocient le prix et leur envoient les photos ou un autre élément permettant d'identifier la victime», explique encore le procureur en précisant que le tarif pour ce service varie entre 400 et 3 000 dollars, selon la personnalité de la victime et ses ressources.

Le procureur de Guayas a pour sa part annoncé qu'il proposerait au Congrès de légiférer pour réformer le code pénal afin d'alourdir les peines visant les assassins, qui risquent actuellement un maximum de 25 ans de réclusion.

La réforme prévoit en outre de pénaliser également les intermédiaires, qui risqueraient jusqu'à 16 ans de réclusion.