Le gouvernement socialiste de Bolivie a dénoncé samedi une «action politique armée» dans le nord agricole du pays, après de violentes manifestations de villageois qui ont coûté la vie à deux jeunes, selon les habitants.

Quelque 700 policiers sont intervenus vendredi pour dégager la principale route d'accès à l'Amazonie, bloquée depuis douze jours par des habitants de Caranavi, à 140 km au nord de La Paz, pour réclamer l'installation d'une usine de produits à base d'agrumes, également revendiquée par un village voisin.

Les villageois ont également mis le feu au commandement régional de la police.

«Nous avons des informations qui nous font penser que nous ne parlons pas d'une mobilisation sociale, ni d'une organisation qui prétend faire entendre ses justes revendications, mais d'une action politique armée,» a déclaré le ministre de l'Intérieur Sacha Llorenti lors d'une conférence de presse.

Le gouvernement fait état de quatre policiers tués par balles, d'un civil grièvement blessé et de plus d'une douzaine d'arrestations, alors que les habitants de Caranavi et les chaînes privées Unitel et ATB affirment que deux jeunes ont été tués par balles dans des heurts avec la police.

«Ces deux personnes sont en vie selon nos informations,» a rétorqué Llorenti.

«Nous avons déjà identifié plusieurs personnes qui ont incité à résister de manière armée», a ajouté le ministre de l'Intérieur.

Vendredi, le vice-président Alvaro Garcia avait accusé des secteurs extrémistes de promouvoir une grève indéfinie à partir de lundi pour renverser le gouvernement de gauche radicale d'Evo Morales et avait laissé entendre que l'ambassade des États-Unis était impliquée dans ce complot.

La principale centrale syndicale de Bolivie a annoncé une grève générale illimitée à partir de lundi pour réclamer des hausses de salaires de 12 à 25% selon les secteurs, alors que le gouvernement propose 5%.

C'est la première fronde sociale sérieuse contre Evo Morales confronté cette fois à ses alliés traditionnels.