L'Église catholique cubaine exhorte le gouvernement communiste de Raul Castro à faire les «changements nécessaires» pour résoudre la crise économique et appelé La Havane et Washington à entamer un dialogue sans conditions pour résoudre leurs différends.

«Il y a une sorte de consensus national autour de cette opinion et son report est source d'impatience et de malaise dans la population», déclare le cardinal Jaime Ortega, dirigeant de l'Église locale, à propos de ces «changements nécessaires» souhaités également par des économistes, universitaires et dissidents, dans un entretien à la revue Palabra Nueva, publié lundi.

Très dépendant des importations, l'État cubain a été touché de plein fouet par la crise mondiale et fait face à ses pires difficultés économiques depuis la disparition de l'allié soviétique en 1991.

Raul Castro avait promis des réformes structurelles en arrivant au pouvoir en 2006, mais début avril, il a mis en garde contre toute «précipitation ou improvisation».

L'autre urgence pour le cardinal est de rompre le «cercle vicieux» entre Cuba et les États-Unis, qui attendent chacun un geste de l'autre avant de faire des avancées.

«Je suis convaincu que la première chose à faire est de se rencontrer, parler, et au cours du dialogue, il y aura des avancées qui permettront d'améliorer les situations difficiles et de surmonter les points les plus critiques», ajoute-t-il.

Il estime aussi que les critiques des États-Unis, de l'Union européenne et d'autres pays après la mort du prisonnier politique Orlando Zapata, décédé le 23 février après 85 jours de grève de la faim, «contribuent à exacerber encore plus la crise».

«Il s'agit d'une forme de violence médiatique, à laquelle le gouvernement cubain répond à sa manière», ajoute le cardinal, archevêque de La Havane.

Les évêques cubains ont regretté la mort de Zapata et demandé aux autorités de «prendre les mesures appropriées pour éviter la répétition d'une telle situation».

L'Église catholique cubaine est l'une des rares voix indépendantes de l'île communiste. Après une longue période de froid, ses relations avec le gouvernement cubain se sont réchauffées depuis une dizaine d'années et la visite du pape Jean Paul II en 1998.