Un nouveau round de pourparlers américano-cubains sur l'immigration s'est ouvert vendredi matin dans un endroit tenu secret à La Havane, mais les discussions devraient aborder d'autres sujets, notamment le sort d'un Américain soupçonné d'espionnage, a fait savoir la porte-parole de la section des intérêts américains dans la capitale cubaine.

La délégation américaine est conduite par Craig Kelly, secrétaire d'État adjoint chargé de la région et plus haut responsable américain à se rendre à Cuba depuis des années.

Ce nouveau volet des discussions régulières sur l'immigration interviennent en effet après l'arrestation, le 3 décembre, d'Alan P. Gross, 60 ans, un sous-traitant américain venu dans l'île caraïbe dans le cadre d'un programme financé par l'USAID, l'agence américaine pour le développement international.

Il est depuis détenu sans inculpation à la Villa Marista, prison cubaine de triste réputation, et le président Raul Castro affirme qu'il s'agit d'un espion.

Selon l'entreprise de Gross, basée dans le Maryland, DAI, il était à Cuba pour distribuer du matériel de communications à la petite communauté juive de l'île castriste, et non à la dissidence. Son épouse Judy a supplié jeudi les autorités cubaines de le libérer, affirmant via une déclaration vidéo qu'il était bien un «humanitaire» et non un espion.

Les discussions régulières sur l'immigration avaient débuté en 1994 à la suite de la crise migratoire des «balseros», avant d'être interrompues sous George W. Bush. Elles ont repris en juillet, et sont censées avoir lieu deux fois par an, pour gérer l'accord, vieux de 16 ans, en vertu duquel les États-Unis octroient annuellement 20 000 visas d'immigration à des Cubains.

En 1994, Cuba avait brièvement ouvert les frontières, et des dizaines de milliers de Cubains se jetèrent à la mer sur des embarcations de fortune pour tenter de gagner les côtes de Floride, nombre d'entre eux périssant dans l'entreprise.