Le président Hugo Chavez a créé un mouvement de panique au Venezuela en fermant plusieurs banques accusées d'opérations irrégulières, mais les analystes pensent que son objectif est d'assainir le secteur et punir des abus, plutôt que de nationaliser la banque privée.

En une semaine, l'État vénézuélien a fermé sept banques privées de petite taille, à capitaux nationaux, qui représentaient 8% des dépôts. Deux ont été placées en liquidation judiciaire et quatre ont fusionné dans une nouvelle institution publique baptisée Bicentenario. «C'étaient de petites banques gouvernées par des grands escrocs», a résumé lundi le président socialiste vénézuélien.

Avec la peur d'une faillite en chaîne des banques privées au Venezuela, de longues files d'attente aux portes de plusieurs banques sont apparues ces derniers jours dans Caracas. Les marchés financiers se sont également montrés fébriles.

«Le discours du président n'a pas été très prudent», a déclaré l'économiste Pedro Palma à l'AFP.

Chavez a tenté de calmer le jeu ensuite en relevant la «solidité» du secteur privé, et en se réunissant lundi avec les grands banquier privés.

Il a également fait appel à des institutions comme Banesco et Mercantil, parmi les plus grandes du pays, pour qu'elles aident l'État à payer les dépôts des épargnants touchés par la fermeture des sept banques.

Pour de nombreux experts, Chavez ne souhaite pas «nationaliser» les banques privées mais «assainir» le secteur, en commençant par les banques gérées par des hommes d'affaires proches de son gouvernement.

C'est «la pointe de l'iceberg» d'une crise qui offre deux options au gouvernement antilibéral: «la corruption ou la survie», selon l'ancien directeur de la Banque centrale du Venezuela, Domingo Maza.

«Chavez n'a pas besoin de nationaliser la banque pour la contrôler. Sa menace porte principalement contre la banque émergente et bolibourgeoise», contraction de deux mots: révolution «bolivarienne» menée par Chavez, et nouvelle «bourgeoisie», qui s'est enrichie.

En une semaine, le parquet a émis 30 mandats d'arrêts et 15 interdictions de sortie du territoire contre des banquiers.

L'arrestation la plus spectaculaire a visé le frère du ministre des Sciences et des Technologies, Jesse Chacon, proche collaborateur de Chavez qui a dû démissionner.

«Il n'y a pas de vache sacrée», a affirmé le président vénézuélien.

Chavez a appelé ses partisans à «se serrer la ceinture morale» et à s'ériger en «exemple de transparence et d'honnêteté», alors que le Venezuela se prépare à des élections législatives en 2010 et une présidentielle en 2012.

«Il y a eu des irrégularités commises avec des fonds publics et la supervision des banques n'a pas fonctionné comme elle aurait dû (...) L'impact a été sous-estimé et après il y a eu une réaction (...) Le gouvernement a fait montre d'une grande improvisation», a dit l'économiste José Guerra à l'AFP.

S'il ne prépare pas de nationalisation, le président vénézuélien a tout de même rappelé que son projet de système financier socialiste se poursuivait.

«La banque doit exister pour encourager le développement national et surtout le projet socialiste», a-t-il dit, soulignant que des maisons de courtage et des sociétés d'assurances sont aussi en ligne de mire.

L'État vénézuélien a racheté cette année le groupe espagnol Santander devenu Banco de Venezuela, et contrôle aujourd'hui environ 26% du secteur bancaire du pays.