Le candidat d'opposition Porfirio Lobo s'est déclaré vainqueur de la présidentielle controversée de dimanche au Honduras, un pays qu'il devra sortir de la crise politique où l'a plongé le coup d'État du 28 juin.

«Nous voulons un gouvernement d'union nationale, de réconciliation, l'heure n'est plus aux divisions», a proposé M. Lobo, «Pepe», qui devra aussi convaincre de la légitimité du scrutin, organisé sous un gouvernement putschiste.

«Aujourd'hui, le Honduras a décidé de son avenir pour en finir une fois pour toutes avec la crise qui nous a tant affectés», a ajouté le candidat du Parti national (droite), battu en 2005 par le président Manuel Zelaya renversé par un coup d'État le 28 juin dernier.

Les États-Unis, principal partenaire commercial du Honduras, ont été les premiers à réagir l'étranger.

«Un travail non négligeable reste à faire pour rétablir l'ordre démocratique et constitutionnel au Honduras, mais aujourd'hui le peuple du Honduras a fait un important et nécessaire pas en avant», a indiqué un porte-parole du département d'État, Ian Kelly.

M. Lobo, membre de l'oligarchie du pays d'Amérique centrale, était donné largement en tête par les premiers résultats officiels du Tribunal suprême électoral (TSE), qui le créditaient de 55,9% des voix contre 38,6% à son adversaire Elvin Santos, avec plus de 60% des bulletins de vote dépouillés.

La participation, selon le TSE, s'élève à 61,3% lors du scrutin que M. Zelaya avait appelé à boycotter.

Ce chiffre a été «gonflé», a réagi sur les ondes de Radio Globo le président déchu, réfugié depuis plus de deux mois à l'ambassade du Brésil à Tegucigalpa.

Le Front national de Résistance contre le coup d'État, qui a également appelé au boycott du scrutin, évoque une abstention comprise entre 65 et 70%.

M. Zelaya avait été élu en 2005 avec un taux de participation de 55%, selon le TSE.

Le candidat malheureux à la présidentielle Elvin Santos, du parti du président putschiste Roberto Micheletti, le Parti libéral (droite), a promis «une opposition qui fera tout pour défendre nos institutions».

M. Zelaya, du Parti libéral également, avait été renversé le jour où il avait organisé - contre l'avis de la Cour suprême, de l'armée et du Congrès - une consultation populaire pour réformer la Constitution, qui interdit à un président de briguer un second mandat.

Mais il s'était aussi mis à dos une partie de sa formation en donnant un coup de barre à gauche, augmentant le salaire minimum de 60% ou en adhérant à l'Alliance boliviarienne des Amériques (Alba), le bloc antilibéral latino-américain mené par le président vénézuélien Hugo Chavez.

Ni M. Micheletti ni M. Zelaya ne se présentaient à l'élection.

Environ 4,6 millions de Honduriens étaient appelés à voter pour élire un nouveau président, au cours d'un scrutin qui s'est déroulé globalement dans le calme sauf dans le nord où une manifestation a été réprimée par la police.

En Amérique latine, le Venezuela, le Brésil, l'Argentine, l'Equateur, la Bolivie, le Paraguay, l'Uruguay et le Guatemala ont dit qu'ils ne reconnaîtraient pas l'élection, dénonçant la création d'un «précédent» dans la région qui n'avait pas vu de coup d'État s'inscrire dans la durée depuis la fin de la guerre froide.

M. Lobo a affirmé en revanche que le Pérou, le Panama, le Costa Rica, mais aussi la France, l'Allemagne, la Colombie ou le Japon pourraient reconnaître les résultats du scrutin.