La gigantesque coupure de courant, qui a plongé dans le noir mardi un tiers des habitants du Brésil, a frappé paradoxalement un pays épargné par la multiplication des problèmes d'approvisionnement électrique en Amérique latine.

Cet accident provoqué par un orage tropical est survenu dans un pays qui «dispose d'un excès d'énergie car tous les réservoirs des barrages sont pleins», selon Jorge Miguel Samek, président d'Itaipu, la deuxième centrale hydro-électrique au monde à la frontière avec le Paraguay.

Mais d'autres États, comme le Venezuela, l'Équateur ou Cuba connaissent des défaillances structurelles, qui les ont conduits à lancer des programmes de réduction de la consommation d'énergie.

«L'accès à l'énergie dans les pays latino-américains est encore loin d'être optimal», a déclaré mercredi Gabriel Arguello, le président de la Commission d'intégration énergétique régionale (CIER), qui rassemble les acteurs du secteur électrique sud-américain.

La région doit investir 10 milliards de dollars par an pendant 10 ans pour fournir de l'électricité aux 100 millions de Latino-Américains qui n'y ont pas encore accès (20% de la population), a-t-il estimé.

Selon lui, l'approvisionnement souffre d'un manque d'interconnexions entre les pays, du peu de diversification des sources d'énergie et du «retard» dans les plans de développement destinés à faire face à la hausse de la demande d'électricité (5% par an).

Au Venezuela, premier exportateur de brut de la région, les besoins sont passés en dix ans de 12000 à 17000 mégawatts et la production ne suit pas. Depuis avril 2008, le pays a subi au moins quatre coupures de courant de dimension nationale.

En cause, des centrales thermiques vieillissantes et un réseau de diffusion mal entretenu, selon des sources au sein du principal fournisseur du pays.

Le président socialiste Hugo Chavez, qui a nationalisé le secteur en 2007, déplore, lui, le manque de pluie, dans un pays où 70% de l'électricité est d'origine hydraulique, et dénonce le «gaspillage».

«L'heure n'est pas aux jacuzzi, aux baignoires, nous allons économiser l'eau et l'énergie électrique», a-t-il déclaré la semaine dernière avant de présenter un plan destiné à faire 20% d'économies d'énergie.

La mise en route de nouvelles centrales devrait permettre aussi de produire 8.370 mégawatts de plus en 2014, selon le ministre de l'Energie Rafael Ramirez.

En Équateur, le président Rafael Correa a décrété un état d'urgence pendant 60 jours en raison du niveau alarmant des réserves d'eau de la centrale hydro-électrique de Paute, qui fonctionne au tiers de ses capacités alors qu'elle couvre normalement plus de 30% de la demande totale.

Il a annoncé des coupures de courant pouvant durer huit heures par jour.

Le dirigeant socialiste, critiqué pour son manque de prévoyance, compte sur de nouveaux accords d'approvisionnement avec les voisins colombien et péruvien et la mise en branle de neuf projets, de plus de 4 milliards de dollars, pour résoudre le problème.

À Cuba, les autorités ont invoqué la crise économique pour demander à certains commerces de réduire leur consommation.

Mais la gauche antilibérale n'a pas le monopole des mesures radicales.

Il y a un mois, le gouvernement de droite du Mexique a fermé la compagnie publique chargée de l'approvisionnement en électricité des 20 millions d'habitants de Mexico, dont il jugeait la gestion inefficace et coûteuse.