Le dialogue maintes fois annoncé entre le président déchu du Honduras, Manuel Zelaya, et le gouvernement putschiste, a désormais une date de lancement: la semaine prochaine, selon l'envoyé du secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA) à Tegucigalpa.

«Il va y avoir un appel au dialogue (...). Le gouvernement en exercice le ferait, et l'autre partie l'accepterait. Il y a un accord là-dessus, pour le moment il n'y aura pas de rencontre directe», entre M. Zelaya et le président putschiste Roberto Micheletti, a précisé John Bielh à des journalistes.

Le «dialogue peut commencer avant» l'arrivée prévue le 7 octobre à Tegucigalpa d'une mission de ministres des Affaires étrangères du continent américain et du secrétaire général de l'OEA basée à Washington, José Miguel Insulza, a ajouté le diplomate.

Quatre hauts fonctionnaires de l'Organisation sont arrivés vendredi au Honduras en éclaireurs pour préparer la visite du 7 octobre censée accompagner l'ouverture d'un dialogue entre MM. Zelaya et Micheletti pour mettre fin à la crise issue du coup d'État.

Ils sont revenus à Tegucigalpa cinq jours après avoir été expulsés par le gouvernement putschiste. Ils ont été reçu par John Bielh, le seul des fonctionnaires de l'OEA à ne pas avoir été expulsé dimanche et donc resté à Tegucigalpa.

«Ils viennent observer le lancement d'un dialogue hondurien pour la solution pacifique de ce conflit et que la démocratie en sorte renforcée», a dit M. Biehl.

Ce sera la deuxième visite de ministres des Affaires étrangères de l'OEA en un peu plus d'un mois.

Lors d'une précédente visite, ils n'avaient pas réussi à convaincre le régime putschiste d'accepter l'accord de San José, une proposition du président du Costa Rica Oscar Arias fondée sur un retour au pouvoir de Manuel Zelaya.

Un décret limitant les libertés est toujours en vigueur au Honduras, mais signe de divisions au sein du bloc pro-Micheletti, une partie du patronat, du monde politique, le Tribunal électoral et la Cour suprême de Justice ont demandé sa suspension.

Une organisation des droits de l'Homme a déclaré vendredi qu'au moins douze personnes étaient mortes de façon violente dans le cadre des manifestations contre le coup d'État du 28 juin depuis cette date, et que des dizaines ont été blessées.

«Nous avons enquêté et nous nous sommes documentés sur les cas de douze personnes mortes de façon violente, la majorité d'entre elles en raison de la répression de la police contre des manifestations populaires», a dit à l'AFP Berta Oliva, présidente du Comité des proches de Détenus et de disparus au Honduras.

Manuel Zelaya est rentré clandestinement dans son pays le 21 septembre et se trouve depuis reclus à l'ambassade du Brésil de Tegucigalpa, assiégée par la police et les militaires.

L'OEA, créée en 1948, se donne notamment pour objectif de trouver des solutions pacifiques aux conflits. Elle comprend à l'heure actuelle 34 états membres, tous les pays du continent américain à l'exception de Cuba. Le Honduras a été suspendu par l'organisation après le coup d'État en soutien à Manuel Zelaya.