Washington a accentué la pression sur le gouvernement de facto au Honduras, un mois jour pour jour après le coup d'Etat qui a renversé Manuel Zelaya, en révoquant mardi les visas diplomatiques de quatre de ses membres, un geste immédiatement salué par le président déchu.

Les Etats-Unis, qui ont déjà suspendu leurs crédits militaires et menacé de couper le reste de leur aide au Honduras pour protester contre le coup d'Etat, ont déjà «révoqué les visas diplomatiques de quatre personnes», et procèdent au «réexamen» de ceux de tous les membres du gouvernement de facto et de leurs familles, a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Ian Kelly.

M. Zelaya, qui réclamait cette mesure depuis plusieurs jours, s'est réjoui de la suspension des visas de «cette élite putschiste», à l'antenne de la radio hondurienne Radio Globo, l'un des rares médias locaux critiques à l'encontre du gouvernement de facto.

«Nous recevons des victoires de Dieu et du peuple, tandis qu'eux subissent des défaites», a ajouté le président destitué, toujours installé au Nicaragua à quelques encablures de la frontière avec son pays.

M. Kelly a souligné que les responsables concernés par la mesure avaient obtenu leurs visas en tant que membres du gouvernement Zelaya mais qu'ils travaillaient désormais pour l'administration du président de facto du Honduras, Roberto Micheletti.

«Nous ne reconnaissons pas Roberto Micheletti comme président du Honduras», a souligné M. Kelly.

«Nous reconnaissons» M. Zelaya, a insisté le porte-parole.

Le nouveau président du Congrès du Honduras, Jose Alfredo Saavedra, nommé après la nomination de M. Micheletti à la tête de l'Etat, s'est entendu signifier la suspension de son visa, a-t-il indiqué à des journalistes à Tegucigalpa.

«Ce n'est pas que ça m'empêche spécialement de dormir, mais je dois être respectueux des décisions des autres pays», a-t-il commenté.

Visa suspendu aussi pour Tomas Arita, magistrat de la Cour suprême du Honduras, qui avait signé le mandat d'arrêt contre M. Zelaya, selon la vice-ministre des Affaires étrangères du gouvernement de facto, Martha Lorena Alvarado.

La justice avait ordonné l'arrestation du président en raison notamment de sa volonté d'organiser une consultation populaire qu'elle jugeait «illégale». Ce référendum qui ne disait pas son nom était destiné à réformer la Constitution pour supprimer la règle interdisant à un président de se présenter à nouveau à la fin de son mandat.

«Nous allons presser l'Union européenne de prendre des mesures similaires», a déclaré le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos, à propos de la décision américaine.

«Nous allons parler avec nos amis américains pour coordonner et renforcer les mesures que nous pouvons prendre pour atteindre cet objectif (le retour de M. Zelaya au Honduras)», a-t-il ajouté lors d'une visite au Venezuela.

La communauté internationale a unanimement critiqué le coup d'Etat du 28 juin et de nombreuses voix ont appelé à une solution pacifique à la crise, après l'échec de la dernière tentative de médiation du président du Costa Rica, Oscar Arias.

Le Congrès du Honduras continuait mardi à examiner la dernière proposition de M. Arias, dite «Accord de San José», même si les autorités de facto en rejettent toujours le point central, le retour au pouvoir de M. Zelaya.