La rencontre entamée samedi à San Jose entre les deux camps opposés au Honduras se poursuivra dimanche, faute d'un accord sur le retour au pouvoir de Manuel Zelaya, le président destitué, a annoncé le médiateur, le président du Costa Rica Oscar Arias.

M. Arias n'avait pas réussi, dans la soirée, à faire accepter le retour du président déchu jusqu'à la fin de son mandat le 27 janvier 2010, base de sa proposition de formation d'un gouvernement d'union nationale et d'élection présidentielle anticipée.

Le médiateur a également demandé à M. Zelaya de repousser tout projet de retour au Honduras au vendredi 24 juillet, selon la coordinatrice de la délégation du président déchu, Rixi Moncada. La délégation a accepté, selon elle.

«Ils ne se sont pas mis d'accord sur le retour de Zelaya», a-t-on confirmé à l'AFP de source diplomatique.

L'hypothèse d'un retour de M. Zelaya, dont il faisait lui-même une condition «non négociable», avait été rejetée à l'avance par le chef de l'État de facto, l'ex-président du Congrès Roberto Micheletti.

La proposition avancée par M. Arias s'accompagne d'une «amnistie générale appliquée exclusivement à tous les délits politiques commis à l'occasion de ce conflit, avant et après le 28 juin dernier».

Dans ce contexte, M. Zelaya et son gouvernement doivent «renoncer expressément» à leur projet de consultation par les urnes sur le projet de réforme de la Constitution, qui aurait pu autoriser un mandat présidentiel supplémentaire.

C'est pour empêcher cette consultation, prévue le 28 juin, que les militaires et le camp de M. Micheletti ont réagi en arrêtant M. Zelaya et en l'expulsant du pays. La Constitution du Honduras stipule que le président est élu pour un mandat unique.

M. Arias propose aussi d'avancer l'élection présidentielle prévue le 29 novembre, et de confier le commandement de l'armée au Tribunal suprême électoral «un mois avant le scrutin».

Une commission internationale, où l'Organisation des États américains (OEA) aura des représentants, «veillera au respect de ces accords et supervisera le retour à l'ordre constitutionnel», prévoit enfin M. Arias.

M. Arias avait avancé cette proposition de gouvernement d'union nationale et d'amnistie quelques jours avant ce deuxième rendez-vous de médiation à San Jose. Le premier, samedi dernier, avait tourné court, avec un départ anticipé de M. Micheletti, qui avait évité de rencontrer M. Zelaya.

Samedi, les partisans de M. Zelaya avaient maintenu la pression à distance, en manifestant à Tegucigalpa et en bloquant encore comme la veille les principaux accès à la capitale et d'autres routes à travers le pays.

De brefs incidents ont mis aux prises des partisans des deux camps dans le nord du pays, faisant quelques blessés légers.

M. Zelaya, soutenu par la communauté internationale, veut revenir au Honduras en président. Il avait lancé à la fois un «ultimatum» à ceux qui l'ont évincé et un appel à «l'insurrection» au «peuple du Honduras».

Il avait également laissé planer la menace d'un retour par surprise, mais les États-Unis, très présents dans le dossier du Honduras, ont manifesté vendredi leur désapprobation d'un tel projet.

M. Zelaya avait tenté en vain de revenir par avion au Honduras le 5 juillet.

Le coup d'État du 28 juin a isolé le Honduras, pays pauvre de près de huit millions d'habitants, auquel les États-Unis et les organismes financiers internationaux ont suspendu leur aide.

Elu fin 2005 pour un mandat de quatre ans non renouvelable, M. Zelaya, magnat de l'industrie du bois et élu d'un parti libéral, s'est rapproché de la gauche radicale incarnée dans la région par le président vénézuélien Hugo Chavez.