Au premier anniversaire de sa libération, la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt a estimé jeudi qu'il fallait «faire plus» et «aller au-delà du possible» pour faire libérer les 22 otages considérés par la guérilla en Colombie comme des prisonniers politiques.

«Oui, il faut faire plus. Pablo Emilio Moncayo et 21 autres de mes compagnons attendent de nous des miracles. Car faire notre possible n'est plus suffisant, il faut aller au-delà du possible», écrit l'ex-otage, dans un communiqué reçu à Paris et dans une lettre adressée à ses soutiens. Ingrid Betancourt qui a passé six années dans la jungle aux mains de la guérilla des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie, marxistes) s'est engagée dès sa libération à tout faire pour obtenir la libération des 22 otages que les Farc entendent échanger contre 500 guérilleros emprisonnés, dans le cadre d'un accord négocié avec le gouvernement colombien.

«Il m'est trop cruel de penser que notre libération puisse être utilisée comme justification pour laisser dans l'oubli ceux qui souffrent encore», affirme l'ex-otage dans une lettre adressée notamment à la Fédération Internationale des Comités Libertad (Ficib), ex-comités Ingrid Betancourt.

«La reconstruction de ma vie de famille et de mon bonheur présent ne serait pas possible sans l'apaisement de l'âme que m'a apporté votre présence», ajoute Ingrid Betancourt, qui vit aujourd'hui principalement aux États-Unis.

«C'est dans le rassemblement de notre énergie, de nos prières, de nos réflexions, que nous pourrons faire bouger la montagne de l'indifférence et de l'oubli», ajoute-t-elle dans le communiqué et la lettre.

Les Farc ont accusé en avril le président Alvaro Uribe, qui a promis d'éradiquer la guérilla, de bloquer la libération du caporal Moncayo en refusant la présence des médiateurs qui étaient déjà intervenus dans de précédentes libérations.

Selon un récent rapport officiel, il resterait 125 otages aux mains des guérillas marxistes colombiennes et quelque 1 500 «disparus» en Colombie, des chiffres contestés par des organisations humanitaires qui évoquent plusieurs centaines d'otages aux mains des guérillas, de groupes paramilitaires et liés au trafic de drogue.

Dans ses messages, Ingrid Betancourt rend «grâce à Dieu et hommage aux soldats» qui l'ont libérée le 2 juillet 2008 sans faire de blessés et leurs familles qui furent, selon elle, «les véritables héros de cette journée».

«Je tiens également à remercier les plus hautes autorités de l'État colombien et de l'État Français sans lesquelles rien n'aurait été possible», citant aussi «les chefs d'État du continent latino-américain qui, par leur action, ont contribué à cette libération».

Le président de gauche vénézuélien Hugo Chavez, qui était intervenu dans la libération d'otages des Farc, entretient des relations en dents de scie avec son homologue de droite colombien Alvaro Uribe.