Le Premier ministre du Pérou Yehude Simon a annoncé mardi qu'il quitterait ses fonctions «dans quelques semaines», après avoir réglé la crise entre le gouvernement et la minorité indienne d'Amazonie et le retour complet au calme.

«Je vais partir, de toutes façons, au moment où j'aurais tout calmé, dans les prochaines semaines», a déclaré le Premier ministre sur la radio privée de Lima RPP.

Simon, Premier ministre d'Alan Garcia depuis octobre 2008, s'est trouvé ces dernières semaines en première ligne de la crise entre l'Etat et la communauté indigène d'Amazonie, qui a dérapé il y a dix jours à Bagua (nord) en des violences entre police et indiens faisant 34 morts, selon un bilan officiel.

Lundi, M. Simon, dans une concession spectaculaire, a annoncé à des chefs coutumiers indigènes que le gouvernement allait proposer au Parlement d'abroger des décrets contestés sur les ressources d'Amazonie, à l'origine de la colère indienne depuis deux mois.

Il avait annoncé à des chefs coutumiers indigènes que le gouvernement allait proposer au Parlement d'abroger des décrets-lois, sur l'exploitation des ressources hydriques, minières, forestières d'Amazonie, qui sont depuis deux mois au coeur de la colère de cette minorité indienne (400 000 environ).

Le chef du gouvernement a précisé mardi qu'il devrait présenter mercredi ce projet de loi, sur lequel le gouvernement planchait mardi.

 «Il n'y avait pas d'autre issue» à la crise, a estimé Simon mardi. «Le gouvernement sait écouter (...) nous préférons faire un pas en arrière aujourd'hui, pour trois ou cinq pas en avant demain dans le dialogue avec les communautés» amazoniennes.

Quelques signes de détente étaient perceptibles sur des blocus routiers ou fluviaux tenus dans l'Est et le Nord amazonien par des indigènes: ainsi l'ouverture quelques heures, lundi soir, puis mardi matin, d'un axe routier Ouest-Est important vers San Ramon (300 km à l'est de Lima).

L'opposition, la presse de droite comme de gauche, ainsi que le principale collectif indigène avaient depuis les violences de Bagua réclamé la démission de Yehude Simon, appels que le chef du gouvernement avait ignorés, refusant de «partir sous la pression».

Mais il avait évoqué lundi son possible départ, disant qu'il n'aurait aucun problème s'il le fallait, une fois «le problème résolu avec les frères amazoniens (...) dire au président «''mission accomplie, on peut quitter le poste''».

Simon avait été marqué par les violences des 5-6 juin à Bagua, faisant son autocritique pour le dialogue infructueux avec les Indiens d'Amazonie depuis plusieurs mois, mais soulignant que ces morts d'indigènes et de policiers resteraient avec lui «jusqu'à (sa) mort"

Simon, 61 ans, un homme de gauche se définissant comme «humaniste», avait été appelé en octobre 2008, après la chute du cabinet précédent sur un scandale de pots-de-vin, pour donner un «visage social» à la ligne économique libérale du président Alan Garcia, dans une sorte de gouvernement de cohabitation.