Une des figures du trafic de la drogue au Mexique, Vicente Carrillo Leyva, fils du chef «historique» du cartel de Juarez et présenté comme un «héritier» de cette organisation, une des principales du pays, a été arrêté en faisant son jogging dans un parc de la capitale.

Ce jeune homme de 32 ans portait encore son survêtement quand les autorités judiciaires l'ont présenté à la presse jeudi matin, au lendemain de son arrestation.

Il est considéré comme «l'un des héritiers de l'organisation criminelle connue sous le nom de cartel de Juarez, depuis la mort de son père, Amado Carrillo Fuentes, alias le +seigneur des cieux+», a indiqué le procureur adjoint Marisela Morales, chef du service des Enquêtes spéciales contre le crime organisé. Amado avait gagné ce surnom pour avoir organisé le transport aérien de la drogue à grande échelle.

A la mort de son père, pendant une intervention de chirurgie esthétique en 1997, le jeune Vicente était devenu l'un des principaux lieutenants du nouveau chef du cartel, son oncle, Vicente Carrillo Fuentes, alias «le vice-roi».

L'oncle et le neveu sont les deux seuls chefs du cartel de Juarez figurant dans une liste des vingt-quatre dirigeants présumés des six cartels de drogue les plus importants du pays publiée par le parquet mexicain le 23 mars.

La publication était assortie d'un éventail de récompenses allant de un à deux millions de dollars pour leur capture.

Les autorités n'ont donné aucune indication sur une éventuelle dénonciation. Selon le parquet, Vicente Carrillo Leyva, qui vivait sous le nom d'emprunt d'Alejandro Peralta Alvarez, homme d'affaires, a été repéré parce que son épouse avait omis de changer d'identité.

Selon les autorités, il contrôlait de nombreuses filières d'exportation de la drogue vers les États-Unis, et devrait également être poursuivi pour blanchiment d'argent.

«Vicente Carrillo Leyva est ce qu'on appelle un narco-junior, un représentant de la nouvelle génération des cartels, pour la plupart éduqués à l'étranger. Ils se chargent du blanchiment de l'argent de la drogue en investissant derrière des façades honorables, plutôt que de se tacher les mains de sang», a expliqué à l'AFP un spécialiste étranger du trafic de la drogue, sous couvert de l'anonymat.

Depuis sa prise de fonction en décembre 2006, le président mexicain Felipe Calderon a déployé plus de 36 000 militaires et policiers contre les cartels de la drogue qui se disputent le contrôle du trafic dans le pays et à destination des États-Unis, premier client mondial de la cocaïne.

Le cartel de Juarez ainsi est en guerre ouverte contre celui de Sinaloa à la frontière, en particulier dans la région de Ciudad Juarez, la ville la plus meurtrière du Mexique, où les agissements des trafiquants ont causé en 2008 quelque 1650 morts sur les plus de 5300 morts imputés aux cartels dans tout le pays.

Le bilan national dépasse déjà les 1000 morts depuis le début de cette année, selon la presse.

La coopération anti-drogue entre Mexico et Washington va s'accentuer, ont annoncé les deux pays ces dernières semaines.

Le président Barack Obama, qui effectuera une visite officielle au Mexique les 16 et 17 avril prochain s'est engagé à renforcer les contrôles à la frontière et aux États-Unis, tout comme sa secrétaire d'État Hillary Clinton, qui s'est rendue fin mars à Mexico et à Monterrey, dans le nord du pays.