Le président cubain Raul Castro a regagné La Havane mardi après une vaste tournée à l'étranger, la première hors d'Amérique latine, qui aura marqué sa volonté d'incarner un nouvel élan diplomatique pour le régime communiste.

Ce périple de près de deux semaines lui a permis de donner un coup de neuf aux vieilles alliances avec la Russie, l'Angola et l'Algérie, en renforçant sa propre notoriété, longtemps dans l'ombre de son frère Fidel qui, malade, lui a cédé le pouvoir en juillet 2006.

«Raul a regagné la patrie», titre en Une le quotidien officiel Granma, saluant une tournée internationale «couronnée de succès».

Raul Castro, 77 ans, maintiendra mercredi une intense cadence diplomatique, en recevant son homologue chilienne, Michelle Bachelet, quatrième dirigeant à lui rendre visite cette année, après ceux du Panama, d'Equateur et d'Argentine.

Il avait effectué en décembre son premier déplacement officiel au Venezuela, puis au Brésil, à l'occasion d'un sommet régional qui lui avait apporté un soutien appuyé, réclamant aux États-Unis de lever leur embargo commercial imposé depuis 1962 contre l'île.

«Raul donne incontestablement des signes d'ouverture et de dialogue vers l'étranger. Sa diplomatie est plus commerciale et pragmatique», a confié à l'AFP un diplomate européen à La Havane.

Même si sa tournée a parfois exhumé un parfum ancien de guerre froide, le président cubain a imprimé son propre style, accélérant le rapprochement avec la Russie, où il a séjourné huit jours. Raul Castro, dont le voyage était le premier déplacement au Kremlin d'un numéro un cubain en plus de vingt ans, avait salué «un moment historique».

Moscou, qui a récemment renforcé la collaboration militaire avec La Havane sur fond de tensions autour du déploiement prévu de missiles américains en Europe centrale, lui a confirmé l'octroi d'un nouveau prêt, trois ans après avoir gelé sa dette de 20 milliards de dollars, contractée du temps de l'Union soviétique.

Pendant sa tournée, le président cubain a été chaleureusement reçu par ses homologues russe Dmitri Medvedev, angolais José Eduardo dos Santos et algérien Abdelaziz Bouteflika, avec lesquels il a signé des accords de coopération, notamment dans le domaine de la santé et de l'énergie.

L'Angola, où les soldats cubains ont aidé à combattre des mouvements rebelles soutenus par les États-Unis dans les années 80, a félicité Cuba pour ses «résultats extraordinaires» et l'Algérie a affiché ses convergences de vue entre pays membres du mouvement des Non-Alignés.

Certains observateurs ont relevé la modération de Raul à l'égard de Washington lors de sa tournée, au moment où son frère Fidel, 82 ans, en gardien de l'orthodoxie communiste, lançait dans la presse de multiples piques contre le président américain Barack Obama.

Pour Jaime Suchlicki, professeur à l'Institut des études cubaines à l'Université de Miami, «Cuba a désespérément besoin de toute l'aide étrangère et des crédits qu'il peut obtenir».

Avec l'Angola et l'Algérie, le président cubain a ainsi resserré les liens avec des puissances pétrolières, ce qui pourrait lui permettre de ne plus dépendre des barils du Venezuela, son plus proche allié contre l'«impérialisme» américain.

Signe de son nouveau statut international, Raul Castro a même été invité par le très libéral Forum économique mondial (WEF), connu pour son assemblée annuelle de Davos en Suisse, à participer à une réunion sur l'Amérique latine prévue en avril au Brésil.