Le processus de libération d'otages politiques de la guérilla colombienne des Farc a été retardé lundi, au lendemain d'une polémique sur des violations présumées par l'armée colombienne des garanties de sécurité, qui doivent entourer le processus.

Lundi, «il n'y aura pas de sortie» pour récupérer un otage, «mais l'opération reprendra le plus vite possible», a déclaré le porte-parole du CICR en Colombie, Yves Heller, à la presse à Villavicencio (100 km à l'est de Bogota), d'où devait partir un hélicoptère pour aller chercher dans un lieu tenu secret Alan Jara, un ex-gouverneur enlevé par la guérilla en 2001.

Alan Jara devait être libéré lundi selon un processus en trois étapes, qui avait commencé dimanche par la libération de quatre autres otages politiques des Farc et devait se terminer mercredi avec celle d'un ancien député enlevé en 2002, Sigifredo Lopez.

Les quatre premiers otages, trois policiers et un soldat, ont bien été libérés dimanche, mais l'opération s'est accompagnée d'une polémique entre des membres de la commission chargée de les récupérer et le gouvernement.

Un des membres de la commission dirigée par la sénatrice d'opposition Piedad Cordoba (Parti libéral), Jorge Enrique Botero, a en effet accusé publiquement l'armée colombienne de ne pas avoir respecté les garanties de sécurité prévues pour le processus, en effectuant des survols au-dessus de la zone de remise en liberté des quatre otages. Selon lui, ces survols ont failli la faire capoter.

Le gouvernement a pour sa part estimé que ces déclarations publiques violaient l'obligation de discrétion absolue convenue entre les parties.

Dimanche soir, le président colombien Alvaro Uribe a annoncé qu'il n'autorisait plus d'autre médiation que celle du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), alors que la guérilla des Forces armées revolutionnaires de Colombie (Farc) avait spécifiquement exigé la présence d'une commission dirigée par Mme Cordoba.

Cette décision risquait d'empêcher d'autres libérations, mais la présidence a finalement accepté à la demande du CICR le maintien de la médiation de Piedad Cordoba, selon un communiqué diffusé lundi matin par la présidence.

En raison de ces discussions, le départ de la mission qui devait récupérer Alan Jara a été «retardé», a déclaré M. Heller à l'AFP. Il a précisé que l'hélicoptère mis à disposition du CICR par le Brésil pour récupérer les otages aurait dû en principe partir chercher Alan Jara lundi entre 07h00 et 08h00.

Sans prendre ouvertement parti, le CICR a toutefois semblé rappeler à l'ordre les deux camps en présence, en soulignant à la fois l'importance «du respect des garanties de sécurité» et de «la discrétion».

En s'engageant à libérer unilatéralement six otages politiques, la guérilla est revenue sur sa décision annoncée au début de l'année 2008 de ne plus en relâcher sans démilitarisation préalable de certaines régions du pays.

Les Farc ont précisé qu'il s'agissait d'un geste de «bonne volonté» dans le cadre de son dialogue écrit entamé en septembre 2008 avec «Colombiens pour la paix», un groupe de personnalités de gauche, dont Piedad Cordoba est la fondatrice.

Le gouvernement a de son côté interprété ce geste comme une «manoeuvre» destinée à alléger la pression militaire sur la guérilla et à lui redonner une visibilité internationale.