Le président cubain Raul Castro a accentué la pression sur Barack Obama avant sa prise de fonctions dans un mois à la Maison Blanche en lui proposant un dialogue d'égal à égal, fort du soutien de ses pairs latino-américains et d'un rapprochement avec Moscou, Pékin et Bruxelles.

Raul Castro, 77 ans, vient d'effectuer son premier déplacement à l'étranger depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2006, d'abord chez son allié vénézuélien puis au Brésil où se tenait cette semaine un sommet de 33 pays d'Amérique latine et des Caraïbes.

Les dirigeants de ces 33 pays ont apporté leur soutien à l'île communiste en réclamant d'une seule voix la levée de l'embargo commercial et financier que les Etats-Unis maintiennent depuis 1962.

Le frère et successeur de Fidel Castro s'est alors dit prêt à rencontrer le président élu américain Barack Obama, qui doit prendre officiellement ses fonctions le 20 janvier, «où que ce soit et quand il le décidera, mais sur un pied d'égalité absolue».

Il a également proposé, en réponse à une question d'un journaliste, d'échanger un nombre indéterminé de prisonniers politiques cubains contre cinq Cubains condamnés en 2001 à de lourdes peines de prison pour espionnage aux Etats-Unis. Les Cinq sont cependant considérés comme des héros à Cuba pour leur lutte contre les opposants cubains installés à Miami.

Cette proposition a été aussitôt rejetée par Washington et les dissidents cubains, accusés par La Havane d'être à la solde des Etats-Unis.

«L'époque des gestes unilatéraux (de la part de Cuba pour obtenir la levée de l'embargo) est terminée», a par ailleurs souligné celui qui était à la tête des Forces armées révolutionnaires cubaines, pilier du régime fondé par son frère et qui fête le 1er janvier son 50e anniversaire.

Pendant sa campagne électorale, Barack Obama s'était déclaré favorable à un allègement de l'embargo, une nouvelle fois dénoncé à la quasi unanimité par l'Assemblée générale des Nations unies. Il pourrait notamment revoir les restrictions sur les visites à Cuba d'Américains d'origine cubaine.

Mais les dirigeants cubains ont pris soin de tempérer les espoirs suscités par Barack Obama, Fidel Castro écrivant notamment dans une de ses chroniques dans la presse locale qu'un homme seul ne pouvait changer un «empire».

La diplomatie cubaine n'a elle cessé de s'activer tous azimuts, tentant d'accentuer les pressions sur Washington et le futur locataire de la Maison blanche.

La Havane s'est rapprochée davantage de Moscou, son ancien allié de la guerre froide en délicatesse avec Washington, en accueillant fin novembre le président russe Dmitri Medvedev et des navires de guerre russes à partir de ce vendredi pour la première fois depuis la chute de l'URSS en 1991.

La Havane a également reçu la visite en novembre du président chinois Hu Jintao, dont le pays est le deuxième partenaire commercial de l'île confrontée à d'importantes difficultés économiques aggravées par les destructions causées cette année par trois ouragans.

Les autorités cubaines ont aussi renoué en octobre, grâce notamment au soutien de l'Espagne, la coopération avec l'Union européenne qui était suspendue depuis cinq ans en raison de divergences sur la question très sensible des droits de l'Homme.

Cuba est également devenue officiellement cette semaine le 23e membre du Groupe de Rio, un forum politique exclusivement latino-américain créé en 1986. Une adhésion marquant selon le gouvernement cubain l'échec des tentatives américaines pour l'isoler sur la scène internationale.

L'exclusion de Cuba de l'Organisation des Etats américains (OEA) en janvier 1962 est par ailleurs très contestée aujourd'hui dans une Amérique latine beaucoup plus ancrée à gauche.