Le gouvernement argentin a été épinglé pour sa guerre contre Shell par la justice qui a annulé une amende infligé au groupe pétrolier accusé par Buenos Aires d'avoir favorisé une situation de pénurie, a rapporté samedi la presse locale.

Le juge argentin spécialisé dans le domaine économique, Daniel Petrone, a disculpé la filiale du groupe anglo-néerlandais, reprochant au gouvernement d'avoir imposé une amende d'un millions de pesos (906 000 dollars) en juillet, sans avoir démontré une intention délibérée de la part de Shell. «L'infraction imputée à l'entreprise Shell ne se trouve pas étayée sur la base d'un processus respectueux des garanties» de la défense, note M. Petrone dans son verdict cité par le quotidien La Nacion.

Le gouvernement argentin accuse le groupe pétrolier d'entretenir sciemment la pénurie de gasoil, qui touche régulièrement le pays. Les autorités ont affirmé avoir débusqué à Buenos Aires une station-service qui proposait une quantité de combustible inférieure à celle que la loi lui imposait.

Au total, une cinquantaine d'amendes similaires à celle que vient d'annuler la justice ont été infligées au groupe Shell qui se trouve dans le collimateur du gouvernement depuis trois ans.

Le conflit remonte à 2005, quand la compagnie avait voulu augmenter ses prix, provoquant la colère du président de l'époque, Nestor Kirchner. Il avait appelé les Argentins à boycotter la compagnie et Shell avait finalement cédé.

En octobre 2007, la raffinerie de Shell avait été fermée pendant une semaine sur ordre du secrétariat à l'Environnement, jusqu'à la présentation par la compagnie d'un plan d'assainissement.

En février dernier, le groupe pétrolier avait réagi et annoncé une réduction de moitié de sa production de diesel, invoquant des «problèmes pour obtenir l'approbation des permis d'exportation».

Shell possède 778 stations-service en Argentine où la compagnie détient 19% du marché de la vente de combustibles.