(Nairobi) Trois personnes ont été tuées et 280 autres blessées dans un violent incendie durant la nuit de jeudi à vendredi, déclenché par une explosion à proximité d’un lieu de stockage « illégal » de gaz, dans un quartier périphérique de la capitale kényane Nairobi.

Le vice-président Rigathi Gachagua a affirmé vendredi que les responsables « répondront de leurs actes ».  

Les pompiers ont mis plus de neuf heures pour maîtriser le feu, qui s’est déclaré vers 23 h 30 locales (13 h 30 heure de l’Est, jeudi) dans le quartier d’Embakasi, zone densément peuplée dans le sud-est de la ville.

Il a été causé par l’explosion d’un « camion d’immatriculation inconnue chargé de bonbonnes de gaz », selon le porte-parole du gouvernement, Isaac Maigua Mwaura.

Les flammes ont notamment touché un entrepôt de textiles, avant de dévorer commerces et habitations, « avec un bon nombre d’habitants toujours à l’intérieur car il était tard », a-t-il ajouté, faisant état d’un bilan de trois morts et 280 blessés transportés dans divers hôpitaux.

PHOTO LUIS TATO, AGENCE FRANCE-PRESSE

Vendredi, la zone sinistrée était jonchée de plaques de tôle noircies et fumantes, vestiges des toits d’habitations ravagées par les flammes et de carcasses de voitures et camions calcinés, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« Site illégal »

Selon l’Institut pétrolier d’Afrique de l’Est (PIEA), qui regroupe les sociétés de gaz et de pétrole de la région, « cette explosion s’est produite sur ce qui est un site illégal de remplissage et de stockage de gaz de pétrole liquéfié situé dans une zone résidentielle densément peuplée ».

Dans un communiqué, l’organisation a affirmé que le propriétaire du site et certains de ses clients avaient été poursuivis en 2020 et condamnés en mai 2023 pour cette installation.

« Le propriétaire a continué à exploiter des installations de stockage et de remplissage illégales sans respecter les normes de sécurité minimales et le personnel GPL qualifié requis par la loi, ce qui a conduit à cette malheureuse catastrophe », a-t-elle déploré.

Des habitants interrogés par l’AFP ont accusé le gouvernement d’être « irresponsable » et laxiste, en laissant opérer des installations de stockage de matériaux combustibles dans les zones d’habitation.

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Des pompiers tentant d’éteindre le brasier.

L’Autorité de régulation de l’énergie et du pétrole du Kenya (EPRA) a déclaré avoir refusé à trois reprises l’an dernier des demandes d’autorisation d’installation d’une usine de stockage et de remplissage de GPL sur le site de l’explosion.  

« La principale raison du rejet était le fait que les conceptions ne respectaient pas les distances de sécurité », a-t-elle souligné, évoquant elle aussi « la forte densité de population autour du site proposé ».

Vendredi soir, une personne — un agent chargé de la surveillance des lieux où l’explosion s’est produite — avait été arrêtée.

« Comme un tremblement de terre »

L’explosion a semé chaos et panique dans ce quartier qui abrite près d’un million d’habitants (988 000, selon le recensement de 2019), à quelques encablures de l’aéroport international Jomo Kenyatta.

Sous la puissance du souffle, des voitures ont été pulvérisées, et des morceaux de véhicule ont été retrouvés en haut d’un immeuble de cinq étages, a indiqué la police.

« Tout le bâtiment a été secoué par une énorme secousse, on avait l’impression que ça allait s’effondrer », a raconté à l’AFP James Ngoge, qui vit juste en face de l’endroit où l’incendie s’est déclaré.

« On ne savait même pas ce qui se passait, c’était comme un tremblement de terre. J’ai un commerce sur la route qui a été complètement détruit », a-t-il ajouté.

Chauffeur de boda-boda (moto-taxi) habitant le quartier, Felix Kirwa raconte avoir « attrapé [son] plus jeune fils » et couru. « Je ne savais pas où mes deux autres enfants avaient couru jusqu’à ce matin où je les ai localisés. Ils sont en sécurité », a-t-il poursuivi, content de s’être « seulement cassé la jambe ».

En 2011, plus de 100 personnes avaient été tuées dans un bidonville d’Embakasi après le déversement dans une canalisation de carburant qui avait pris feu.