(Addis Abeba) Environ 100 000 personnes fuyant des combats au Somaliland, région autoproclamée indépendante de Somalie, ont trouvé refuge en un mois dans une zone reculée d’Éthiopie souffrant déjà d’une grave sécheresse, ont annoncé mardi les agences onusienne et éthiopienne chargées des réfugiés.

Citant les autorités de la zone administrative de Doolo, appartenant à la région éthiopienne de Somali et située à la pointe sud-est du pays, à plus de 1300 km de mauvaise route d’Addis Abeba, le Haut-Commissariat de l’ONU aux Réfugiés (HCR) estime que 98 000 personnes sont arrivées dans trois woredas (districts) frontaliers du Somaliland depuis le 6 février.

« Nous allons corroborer ces chiffres » grâce à l’enregistrement qui a commencé, a déclaré Tesfahun Gobezay, directeur général du Service pour les Réfugiés et les Rapatriés (RRS), agence gouvernementale éthiopienne, lors d’une conférence de presse à Addis Abeba avec Mamadou Dian Balde, représentant du HCR en Éthiopie.

Les derniers chiffres disponibles lundi font état de « 29 000 réfugiés déjà enregistrés et ces chiffres ne cessent d’augmenter », a précisé ce dernier, précisant que les réfugiés étaient « principalement des femmes et des enfants ».

Si leur nombre est confirmé, l’arrivée de ces réfugiés gonfle de 40 % la population des trois woredas concernés, forte d’environ 236 000 personnes qui souffrent déjà durement de la sécheresse frappant leur région et plus largement une partie de la Corne de l’Afrique.

« C’est une zone manquant d’infrastructures et peu développée socio-économiquement, qui est aux prises avec une sécheresse qui dure depuis quatre ans », a rappelé M. Tesfahun : Pourtant ses habitants « touchés par la sécheresse et divers défis ont été les premiers à aider » les réfugiés, « avant même que nous arrivions, ils les ont hébergés chez eux et ont partagé leur peu de nourriture ».

Abris, nourriture, eau, aide médicale : les besoins sont nombreux et « relativement urgents », a souligné M. Dian Balde, estimant « très important que notre soutien ne prenne pas seulement en compte les réfugiés, mais aussi leurs hôtes ».

En outre, les réfugiés « nous disent : “nous voulons rentrer chez nous”. Ce ne sont pas des gens qui veulent rester réfugiés […] Ils appellent donc aussi à trouver des moyens, des solutions au problème actuel (au Somaliland) afin que les gens puissent retourner chez eux », a-t-il insisté.

Ancien territoire britannique, le Somaliland a unilatéralement déclaré en 1991 son indépendance de la Somalie, alors que ce pays plongeait dans un chaos dont il n’est toujours pas sorti. S’il dispose de ses propres institutions, le Somaliland n’a jamais vu so indépendance reconnue par la communauté internationale.

Le Somaliland bénéficiait d’une relative stabilité, jusqu’à une montée des tensions politiques ces derniers mois, qui ont déclenché le 6 février des hostilités entre forces somalilandaises et milices de la région somalienne voisine du Puntland.

Avant l’arrivée des réfugiés du Somaliland, l’Éthiopie, forte d’environ 120 millions d’habitants, accueillait déjà plus de 880 000 réfugiés, majoritairement venus du Soudan du Sud, de Somalie, d’Érythrée et du Soudan, selon le HCR.