(Dakar) Une collision entre un autocar et un camion a fait 22 morts lundi au Sénégal, où les transporteurs résistent à des mesures annoncées une semaine plus tôt après un autre accident où plus de 40 personnes avaient péri.

Le premier ministre Amadou Ba, qui s’est rendu sur les lieux près de la localité de Sakal (Nord), s’est dit résolu à appliquer les décisions prises après l’accident du 8 janvier, estimant qu’une fois de plus, le mépris de la réglementation avait amplifié les dommages.

L’autocar accidenté lundi avait une capacité de 32 places mais transportait 47 passagers, a-t-il dit aux journalistes.

« Nous avons dépassé toutes les limites et il est de la responsabilité du gouvernement de mettre en œuvre les mesures » annoncées le 9 janvier, a-t-il déclaré à l’approche d’une grève contre ces mêmes mesures, tout en se disant prêt à la discussion avec les transporteurs.

Un témoin interrogé par la radio privée RFM a rapporté que l’autocar avait fait un écart pour éviter un âne, un de ces animaux nombreux à divaguer sur ou au bord des routes au Sénégal.

Le 8 janvier, c’est l’éclatement d’un pneu, selon l’enquête, qui avait provoqué la collision de deux autocars dans le centre du pays. 42 personnes étaient mortes, selon le dernier bilan en date.

Ces accidents remettent en lumière les maux de la route bien connus au Sénégal comme dans de nombreux pays d’Afrique : vétusté et aménagement dangereux des véhicules, conduite inconsidérée, ou encore corruption répandue des agents chargés de faire respecter les lois ou passer le permis de conduire.

Le drame du 8 janvier, l’un des plus meurtriers au Sénégal ces dernières années, a suscité un flot de critiques contre les autorités pour leur incapacité à faire respecter les règles de conduite, mais aussi la réglementation sur l’état des véhicules.

Le gouvernement a annoncé dans la foulée une vingtaine de mesures. Nombre d’entre elles sont décriées par les professionnels du transport comme étant en déphasage avec les réalités économiques ou les modes de vie, par exemple l’interdiction faite aux autocars et minibus de circuler la nuit, ou l’interdiction d’importer des pneus usagés.

« Gros bouchon »

Les bus convoyant des passagers comme des marchandises sont un moyen de transport essentiel entre localités, faute d’autres solutions.  

Les bus sont communément transformés pour accroître leur capacité et équipés de porte-bagages de toit souvent surchargés au point de menacer la tenue de route.

Une partie des syndicats de transport a annoncé une grève illimitée pour protester. « La grève commence mardi à minuit », autrement dit mercredi à 0 h locale et GMT, a dit dans les médias Abdou Karim Seck, un responsable du Syndicat national des transporteurs routiers du Sénégal.

Les autorités ont déjà fait marche arrière sur l’interdiction d’équiper les cars de porte-bagages et ont accordé un délai d’un an.

Autre motif de confrontation entre le gouvernement et les transporteurs, dans un contexte inflationniste : les prix.  

Des exploitants de minibus viennent d’annoncer une hausse de leurs tarifs dans la région de Dakar, arguant de la baisse récente par l’État des subventions aux carburants et de l’augmentation de 100 francs CFA (15 centimes d’euros) des prix du gazole et du super.

Le gouvernement a refusé cette augmentation qui serait illégale selon lui, faute d’avoir été validée par les autorités.

Les accidents de la route tuent officiellement 700 personnes chaque année au Sénégal, pays de plus de 17 millions d’habitants.

Le Sénégal accusait en 2019 une mortalité sur les routes de 24 pour 100 000 habitants, et l’Afrique subsaharienne de 27 pour 100 000, pour un taux de 6 pour 100 000 dans l’Union européenne et de 2 en Suisse, selon la Banque mondiale.