(Antananarivo) Double drame à Madagascar : le bilan du naufrage d’un navire au nord-est de l’île est passé mercredi à 64 morts, après la découverte de nouveaux corps. Et deux personnes sont toujours portées disparues après l’écrasement d’un hélicoptère tentant de rejoindre la zone.

« Vingt-cinq corps ont été repêchés ce matin aux abords de l’île Sainte-Marie, probablement à cause des courants marins. Ce qui porte le total des morts à 64 », dont cinq enfants, a confirmé à l’AFP le général de gendarmerie Zafisambatra Ravoavy.

Le navire naufragé avait embarqué lundi matin 130 passagers, dont 50 ont pu être sauvés, selon un bilan actualisé mercredi. Les recherches se poursuivent pour retrouver la quinzaine de personnes toujours disparues.

Ce bateau en bois de transport de marchandises, de seulement douze mètres de long et qui n’était pas autorisé à embarquer de passagers, était parti de la petite localité d’Antseraka en direction de Soanierana-Ivongo, près d’une centaine de km plus au sud. Il s’est échoué tout près de sa destination, selon les autorités maritimes.

Selon un responsable, qui ne veut pas être cité, la plupart des survivants étaient installés sur le pont du bateau.

« Je suis allée sur la plage ce matin. Le cimetière du village est trop petit pour accueillir tous les corps, ils sont dispatchés dans les villages alentour », témoigne auprès de l’AFP Jocelyne Kalou, gérante de l’hôtel Le Fumet à Soanierana-Ivongo.

« J’ai aidé à transporter 39 cadavres avec des camions jusqu’au village », explique le maire, Alban Menavolo.

« Les familles des victimes sont déjà là, mais certains n’ont pas de famille. Beaucoup de victimes sont originaires d’ici, j’en connaissais quelques-unes. Les gens sont éplorés », ajoute-t-il d’une voix accablée.

« Les enterrements sont finis, on attend maintenant les autres cadavres trouvés (mercredi matin) à Sainte-Marie. Je suis très fatigué, il faut supporter la peine de toute la communauté. C’est très rare un drame pareil », ajoute-t-il.

« Des rafales et on est tombé »

Selon les premiers éléments de l’enquête, « le moteur aurait eu un problème technique », a expliqué Adrien Ratsimbazafy, de l’Agence portuaire maritime et fluviale (APMF). « Le bateau s’est retrouvé à la merci des vagues et s’est échoué sur un récif », avant de prendre l’eau.

Lundi soir, un hélicoptère, parti de la capitale Antananarivo pour se rendre sur la zone du naufrage, s’est écrasé en mer, avec à son bord le secrétaire d’État à la Gendarmerie, Serge Gellé.

Éjectés de l’appareil, M. Gellé et un gendarme ont survécu, en nageant près de douze heures pour rejoindre le rivage. Deux autres gendarmes, dont le pilote, sont portés disparus.

Le général Gellé et le gendarme survivant ont été retrouvés séparément mardi matin par des pêcheurs près de la plage de Mahambo, à environ 75 km au nord de Toamasina, la grande ville portuaire de l’est malgache, selon le directeur de l’APMF, Jean-Edmond Randrianantenaina.

Un second hélicoptère, transportant le premier ministre Christian Ntsay et le ministre de la Défense Richard Rakotonirina, était lui arrivé sans encombre.

« Mon tour de mourir n’est pas encore arrivé, merci à Dieu », avait déclaré dans une vidéo diffusée en ligne mardi Serge Gellé, 57 ans. Il n’a pas été blessé, « j’ai seulement froid ».  

« On ne s’y attendait pas du tout. L’hélicoptère a reçu des rafales de vent. Et on est tombé », a-t-il raconté un peu plus tard à l’AFP. Ce n’était ni « la faute du pilote » ni un problème mécanique, a-t-il assuré.  

« Si je suis encore en vie […] c’est parce qu’on volait à basse altitude, on n’est pas tombé de très haut car on volait bas en suivant la mer », a-t-il ajouté, précisant avoir pris une chaise de l’appareil pour s’en servir « comme bouée de sauvetage ».  

Il est resté dans l’eau de près de douze heures, avant d’être repéré par des pêcheurs. « On arrangeait nos voiles quand on l’a vu », a raconté à l’AFP un pêcheur au T-shirt déchiré, prénommé Zambi. « Il a appelé au secours […] on est allé le chercher ».