(Genève) Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a indiqué mardi avoir retrouvé l’accès aux camps de réfugiés érythréens d’Adi Harush et de Mai Aini, dans la région éthiopienne en guerre du Tigré.

« De violents affrontements dans la région avaient empêché le personnel du HCR d’accéder à ces camps depuis le 13 juillet », a expliqué un porte-parole de l’organisation, Boris Cheshirkov, lors d’un point de presse à Genève.

La livraison de l’aide d’urgence aux camps d’Adi Harush et de Mai Aini a repris le 5 août pour les 23 000 réfugiés qui s’y trouvent.

« Cependant, l’accès demeure limité du fait de la situation sécuritaire complexe et instable et les réfugiés continuent de faire face à des conditions de vie difficiles. Les services essentiels tels que les soins de santé ne sont toujours pas assurés et l’eau potable se raréfie », a affirmé le porte-parole du HCR.

L’organisation demande un « passage sûr » afin de permettre aux réfugiés de Mai Aini et d’Adi Harush d’être transférés vers le nouveau site d’Alemwach, près de la ville de Dabat, qui se trouve en dehors de la région du Tigré.

Alors que le HCR et l’Agence éthiopienne pour les réfugiés et les rapatriés (Arra), achèvent les travaux à Alemwach, des logements d’urgence dans des abris communautaires à Dabat ont été identifiés.

Depuis le 4 août, le HCR, en collaboration avec l’Arra et l’ONG Wise, a aussi commencé à délivrer des documents d’identification, dont la durée de validité est de trois ans, aux réfugiés érythréens qui ont fui vers Addis Abeba depuis les camps de Shimelba et de Hitsats, au nord du Tigré, qui avaient été détruits début 2021.

Les combats dans le nord de l’Éthiopie ont débuté en novembre dernier après l’envoi par le premier ministre Abiy Ahmed de l’armée fédérale au Tigré pour destituer les autorités régionales, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).

Le HCR est préoccupé par de récents déplacements forcés dus aux combats dans les régions éthiopiennes d’Amhara et d’Afar, limitrophes du Tigré. Selon l’ONU, quelque 100 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays dans la région d’Amhara et 70 000 autres dans celle d’Afar.  

Le HCR a également observé une augmentation du nombre de réfugiés qui traversent la frontière vers le Soudan depuis l’Éthiopie.  

L’organisation lance un appel de fonds d’un montant de 164,5 millions de dollars pour aider 96 000 réfugiés érythréens et 650 000 déplacés internes dans la région du Tigré et jusqu’à 120 000 réfugiés éthiopiens dans l’est du Soudan.

L’UNESCO inquiète pour Lalibela, patrimoine mondial

L’UNESCO s’est dite « sérieusement préoccupée par la protection » du site de Lalibela, en Éthiopie, après la prise de la ville par les forces du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).

« L’UNESCO est sérieusement préoccupée par la protection du site du #PatrimoineMondial des Églises creusées dans le roc de #Lalibela (#Éthiopie), suite aux rapports faisant état de l’extension du conflit », a tweeté mardi l’organisation de l’ONU pour l’éducation, la science et la culture, basée à Paris.

PHOTO EDUARDO SOTERAS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Lalibela, ville emblématique de la région Amhara, célèbre pour ses églises taillées dans le roc, a été prise jeudi dernier par les forces rebelles de la région en guerre du Tigré, qui ont avancé dans les régions voisines. Face à la progression du TPLF, l’Éthiopie a menacé de déployer « sa capacité totale de défense ».

Dans un communiqué publié dès vendredi sur son site, l’UNESCO avait appelé « à s’abstenir de tout acte qui pourrait exposer à des dommages » ce lieu de « pèlerinage, de dévotion et de paix » et demandé « que toutes les précautions nécessaires soient prises pour empêcher toute tentative de pillage et de saccage des biens culturels situés dans cette zone ».

Les onze églises rupestres monolithiques médiévales de cette « nouvelle Jérusalem » du XIIIe siècle sont situées dans une région montagneuse au cœur de l’Éthiopie, à proximité d’un village traditionnel aux habitations de forme circulaire.

Haut lieu du christianisme éthiopien, le site des Églises creusées dans le roc de Lalibela a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1978, rappelle l’organisation.

Les églises de Lalibela sont uniques et sont situées sous le niveau du sol, entourées de profondes douves sèches. Seuls leurs toits sont visibles depuis la surface. Les cours entourant ces lieux de culte extraordinaires ne sont accessibles que par des escaliers et des tunnels.

Formées d’un seul bloc, elles regorgent d’ornements et de fenêtres sculptées en forme de croix.

Lalibela tire son nom du roi Gebre Mesqel Lalibela dont la légende veut qu’il ait fait construire onze églises avec l’aide d’anges après que Dieu lui eut ordonné d’édifier une « Nouvelle Jérusalem ».

Située à 680 km d’Addis Abeba, Lalibela est une destination populaire auprès des touristes étrangers et des orthodoxes éthiopiens. La religion orthodoxe est la plus pratiquée dans le pays.