Djibouti a demandé à l'Union africaine (UA) de soutenir ses efforts pour négocier un règlement du différend territorial qui l'oppose à l'Érythrée passant par une «démarcation de la frontière», a déclaré lundi à l'AFP son ministre des Affaires étrangères.

«Tant que la démarcation de cette frontière ne sera pas réalisée, elle sera toujours source de tensions, voire d'escalade à l'avenir. Donc c'est cette proposition que nous venons apporter à l'Union africaine», a expliqué Mahamoud Ali Youssouf, lors du sommet de l'UA à Addis Abeba.

«Nous pensons que l'assemblée des chefs d'État va pouvoir soutenir cette proposition», a-t-il ajouté. «Nous sommes toujours en faveur d'une résolution pacifique de cette crise. Et nous voulons impérativement que les mécanismes de l'Union africaine puissent prendre le relais, pour faire en sorte que cette frontière soit démarquée et délimitée une bonne fois pour toutes.»

Le Qatar avait annoncé le 14 juin avoir retiré ses soldats déployés dans la région de Doumeira, disputée entre les deux pays sur la mer Rouge. Ces forces étaient chargées de garantir l'application d'un accord de paix entre les deux voisins de la Corne de l'Afrique.

Djibouti avait affirmé avoir constaté le même jour que l'Érythrée avait profité de ce retrait pour occuper cette partie de territoire revendiquée par les deux pays à leur frontière, avant de s'en retirer à nouveau le lendemain.

Djibouti avait indiqué privilégier des «solutions diplomatiques» pour régler ce différend, sans toutefois exclure de recourir à des «solutions militaires». L'Érythrée n'avait pas souhaité répondre à ces accusations, mais ces tensions avaient suscité l'inquiétude de la communauté internationale.

«Aujourd'hui, sur toute la longueur de la frontière entre Djibouti et l'Érythrée, la situation est plutôt calme. Elle n'est pas militarisée», a précisé M. Ali Youssouf.

Le retrait du Qatar faisait suite à la crise qui avait éclaté entre le petit émirat gazier du Golfe et l'Arabie saoudite ainsi que ses alliés qui l'accusaient de soutenir le «terrorisme» islamiste.

Djibouti comme l'Érythrée entretient de bonnes relations avec l'Arabie et ses alliés des Émirats arabes unis, et ont tous les deux pris leur parti dans ce conflit.

Les deux voisins entretiennent des relations très différentes avec les puissances extérieures. Djibouti abrite de nombreuses bases militaires étrangères, alors que l'Érythrée est généralement considérée comme un État paria.

Les relations entre les deux pays s'étaient tendues après une incursion en avril 2008 de troupes érythréennes vers le Ras Doumeira, un promontoire stratégique surplombant l'entrée de la mer Rouge au nord de Djibouti-ville. Les deux pays s'étaient opposés à deux reprises en 1996 et 1999 pour cette zone.

L'Érythrée et Djibouti avaient signé en juin 2010 un accord sous les auspices du Qatar pour résoudre par un accord négocié leur conflit territorial et des soldats qataris avaient été déployés dans les zones disputées dans l'attente d'un accord final entre Djibouti et Asmara.