Le Soudan a affirmé jeudi ne pas avoir peur de la Cour pénale internationale (CPI), après que celle-ci eut informé le Conseil de sécurité de l'ONU que Khartoum n'avait pas coopéré dans l'enquête pour génocide au Darfour.

La CPI, qui a souligné que Khartoum refusait de livrer son président Omar el-Béchir, a expliqué s'être adressée au Conseil de sécurité afin qu'il puisse prendre «toute mesure qu'il juge nécessaire».

En décembre, la Cour, qui a émis des mandats d'arrêt contre le président soudanais, avait suspendu des enquêtes sur des accusations de crimes de guerre au Darfour, critiquant le Conseil de sécurité pour sa passivité dans cette région de l'Ouest soudanais déchirée par les violences.

«Les décisions de la CPI n'obligent en aucun cas le gouvernement soudanais, et alerter le Conseil de sécurité est un échec de la CPI», a déclaré le ministre soudanais de l'Information, Ahmed Bilal Osmane. «La CPI sait qu'elle n'effraie en aucun cas le Soudan», a-t-il ajouté dans une interview au Centre soudanais des médias, un site internet considéré comme proche du régime.

«Même si le Soudan n'est pas un État partie au Statut de Rome (traité fondateur de la Cour, ndlr), il demeure qu'il a l'obligation de coopérer avec la CPI, cette obligation découlant directement de la charte de l'ONU, vu que le Soudan en est membre depuis le 12 novembre 1956», avait rappelé la CPI.

Au pouvoir depuis 25 ans au Soudan, M. Béchir fait l'objet de mandats d'arrêt de la CPI datant de 2009 et 2010 pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide au Darfour, en proie à la guerre depuis 2003. Plus de 300 000 personnes ont été tuées et 2,5 millions ont fui les violences, selon des chiffres de l'ONU.

Mais le Conseil de sécurité des Nations unies est divisé sur la stratégie à adopter au sujet du Darfour, car le régime de Khartoum a un allié de poids: la Chine.

Omar el-Béchir est favori à sa succession lors d'élections prévues en avril, qui seront boycottées par les principaux partis de l'opposition.